LGBTphobieHuman Rights Watch appelle l'Algérie à libérer deux hommes en détention pour "homosexualité"

Par Nicolas Scheffer le 16/10/2020
algérie

En Algérie, deux hommes ont été condamnés à trois années de détention pour "homosexualité". 42 autres personnes ont été condamnées à un an avec sursis, notamment pour "relations homosexuelles".

Human Rights Watch lance un cri d'alarme. L'ONG appelle les autorités algériennes à libérer "immédiatement" deux hommes placés en détention pour homosexualité en Algérie. L'organisation demande également à l'Algérie de mettre fin aux poursuites intentées contre 44 personnes en marge d'un "mariage homosexuel".

Un "mariage homosexuel"

Le 3 septembre, un tribunal a condamné en première instance deux hommes à trois ans de prison ferme. 42 autres personnes ont reçu un an de prison avec sursis pour "relations homosexuelles" après un rassemblement qualifié de "mariage homosexuel" par la police. HRW demande aux autorités d'annuler "les accusations et les libérer immédiatement".

À LIRE AUSSI - Algérie : meurtre homophobe d’un étudiant en médecine de 21 ans

"L'attaque des autorités algériennes contre les libertés individuelles n'a rien de nouveau, mais l'arrestation de dizaines d'étudiants sur la base de leur prétendue orientation sexuelle est une violation flagrante de leurs droits fondamentaux", a dénoncé Rasha Younes, une analyste de l'ONG.

Le Covid-19, un alibi pour discriminer les personnes LGBT+

Les 42 personnes (35 hommes et 9 femmes, la plupart étudiants) ont été condamnées pour "relations homosexuelles", "indécence publique", et "avoir causé du tort à autrui en enfreignant les mesures de quarantaine liées à la maladie de Covid-19", rapporte HRW. "Le fait de briser les mesures de quarantaine et de distanciation sociale pour assister à un rassemblement social ne justifie pas les arrestations arbitraires et la détention préventive prolongée", juge l'organisation.

Cet épisode "illustre une nouvelle fois la vulnérabilité particulière des personnes LGBTI+ dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Rompre les mesures de quarantaine et de distanciation sociale ne devrait jamais justifier l'application de mesures particulièrement ignobles et injustes à l'égard des personnes LGBTI", indique à TÊTU Sebastien Tüller, responsable des sujets LGBTI+ chez Amnesty International.

À LIRE AUSSI - « En Algérie, tenir la main de son mec dans la rue c’est presque du suicide »

70 pays pénalisent l'homosexualité

Aucune date pour le procès en appel n'a été indiquée. En Algérie, les "actes" homosexuels sont passibles de deux années de détention. L'homosexualité est sévèrement stigmatisée et pénalisée. En décembre dernier, le ministre de l'Intérieur a critiqué les opposants au scrutin présidentiel. Il les a qualifié de "traitres" et "d'homosexuels".

Dans 11 pays, l'homosexualité est encore passible de la peine de mort, sans que les associations de défense des droits humains n'aient des chiffres précis sur l'application de la sanction fatale. La Tunisie pratique toujours des "test anaux" pour "prouver l'homosexualité". Selon l'ILGA, 70 pays pénalisent encore l'homosexualité, le Gabon est le dernier pays a avoir voté la dépénalisation.

 

Crédit photo : Unsplash