LGBTQI+Le média LGBT Yagg cherche un repreneur

Par Adrien Naselli le 15/09/2016
media LGBT,Yagg

Le média LGBT en ligne Yagg se retrouve en redressement judiciaire. Christophe Martet, le directeur de publication, détaille le contexte de ce placement sous la protection du tribunal.

Yagg et TÊTU ont une histoire commune. En 2008, quatre journalistes de la rédaction de TÊTU fondent leur propre média axé sur l'idée qu'il existe une communauté LGBT+. Cette idée, c'est que les lesbiennes, les gays, les bi(e)s, les trans, les queers, les personnes asexuelles et intersexes sont liés par un sentiment de solidarité malgré le gouffre qui, souvent, sépare les individus. Une croyance en un destin commun, qu'ils et elles soient pauvres ou riches, qu'ils et elles militent pour leurs différences ou réclament au contraire le droit à l'indifférence, qu'ils et elles soient sortis du placard ou encore dedans, qu'ils et elles s'aiment ou se détestent.
TÊTU, de son côté, s'est historiquement plutôt adressé aux hommes gays. Mais Yagg et TÊTU ont continué de parcourir un bout de chemin ensemble, le premier s'occupant du site internet du second jusqu'en 2013. Après quoi TÊTU a brutalement été contraint de fermer en juillet 2015 avant de revenir en ligne début 2016 dans la version que vous lisez aujourd'hui.

L'abonnement ne suffit pas

C'est à peu près la même situation que connait Yagg : mardi 6 septembre, la société LGNET, éditrice du média, s'est vue accorder sa demande de redressement judiciaire : "Toute l’activité économique est gelée, c’est au juge de la gérer, explique Christophe Martet. L’idée, c’est de donner à l'entreprise un ballon d’oxygène. Je continue d’être le dirigeant mais une personne va administrer avec moi".
Le modèle économique de Yagg a beaucoup évolué au fil des années : "On s’était lancé sur le modèle de la publicité mais son marché sur le net a évolué et les tarifs se sont effondrés. C'est pour cette raison que nous avons entamé une réflexion sur l’abonnement en 2013. A l’époque, nous étions encore sous contrat avec TÊTU donc nous ne pouvions pas le lancer de notre côté. Aujourd'hui, nous avons plus de 2000 abonnés, ce qui n'est pas si mal comparé à d'autres grands titres de presse mais pas suffisant".

L'associé majoritaire ne répond plus

Mais c'est pour une autre raison que Yagg se retrouve en difficulté : son associé majoritaire, gérant d'une société qui investit dans les médias comme Médiapart, Politis et Terra Eco, ne donne plus d'argent depuis des mois : "On sait qu’il existe, qu'il est vivant, mais il ne donne plus de nouvelles, blague à moitié Christophe Martet. Nous avons donc été bloqués dans nos démarches d’investissement. Pourtant, nous lui avions expliqué nos difficultés, il fallait qu’il trouve un plan B. En juin dernier, nous n'avons pas pu approuver les comptes car il était absent. En tant que chef d’entreprise, il ne me reste pas d'autre choix que de déclarer la cessation de paiement".
Mardi dernier, l'administrateur annonce à Christophe Martet qu'il va lancer une offre de reprise. Comme l'écrit Yagg sur sa page Facebook, les lecteurs disposent de deux moyens pour aider le média, en s'abonnant ou en faisant un don. Christophe Martet complète : "On a beaucoup sollicité les lecteurs et les lectrices car on a eu des périodes difficiles. La communauté LGBT nous a bien aidés. Dans l’urgence, il faudrait s’abonner un mois ou deux pour passer ce cap difficile ou faire un don car il est défiscalisé. Et si des personnes veulent reprendre l’activité, qu’elles se sentent les bienvenues".

Pas de regrets

Quand on demande à Christophe Martet si la situation n'est pas trop difficile à vivre, il répond avec philosophie : "La moitié des entreprises se cassent la figure au bout de trois ans. Nous avons fêté nos huit ans, ce n’est pas comme si nous n'étions pas au courant de la situation. Faire un média, c’est difficile. J’ai envie de dire que la meilleure chose qui puisse nous arriver, c’est que quelqu’un nous reprenne et qu'on ait un peu d’argent pour développer le site". Il marque une pause. "On ne s’est ni tourné les pouces, ni payé des salaires incroyables. Yagg exige d'importants sacrifices personnels et financiers. Si nous sommes arrivés au bout de ce chemin, nous saurons que nous avons tout fait".
 
Pour s'abonner à Yagg : http://yagg.com/abonnements/
 
Pour en savoir plus :
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