Treize personnalités sont candidates à la primaire de la gauche. Mais d'autres pourraient se présenter telle Christiane Taubira. Retour sur les modalités d'une primaire qui s'annonce cacophonique.
Rassemblés sous "La Belle Alliance populaire", le Parti socialiste (PS) et certains partis de gauche organisent leur primaire en vue de l'élection présidentielle de 2017. Depuis le 1er décembre et jusqu'au 15 décembre les candidats à la primaire de la gauche peuvent se déclarer. Pour voir leur candidature retenue, ils devront réunir un nombre suffisant de parrainages, sauf pour les petits partis qui peuvent qualifier d'office leur candidat tel Jean-Frédéric Poisson lors de la primaire de la droite. Chaque candidat recevra 50.000 euros de la part de "La Belle Alliance populaire", un montant d'ores et déjà jugé insuffisant pour couvrir les frais de campagnes (en 2011, François Hollande avait dépensé 250.000 euros dans sa course à la primaire).
Les troupes en ordre de pagaille
Après seulement une semaine, les candidats déclarés sont déjà au nombre de 13. Les superstitieux y verront un mauvais présage : les électeurs de gauche en mal de rassemblement pour remporter la présidentielle parlent de cacophonie. Les cadres du PS aussi. Manuel Valls a déclaré que la primaire ne devait pas être un "congrès" du PS. De son côté, Jean-Christophe Cambadélis avait raillé le nombre de candidat à la primaire de la droite en espérant voir la gauche se rassembler autour d'un petit nombre de candidats. C'est raté.
En effet, rien que dans les rangs du PS, Manuel Valls est candidat déclaré tout comme Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann (sénatrice de Paris) et Gérard Filoche (membre du Bureau national du PS). Vincent Peillon devrait annoncer sa candidature samedi 10 décembre. L'ex-ministre Sylvie Pinel - issue du Parti radical de gauche - devrait en faire de même. Du côté des petits partis, on compte François de Rugy (député de Loire Atlantique) ex-EELV et fondateur du Parti écologiste avec le sénateur Jean-Vincent Placé ; Jean-Luc Bennahmias, représentant de l’Union des démocrates et des écologistes ; Pierre Larrouturou, fondateur du parti Nouvelle Donne. Enfin, trois inconnus du grand public, encartés PS, ont aussi annoncé leur souhait de se présenter à la primaire : Fabien Verdier, Régis Passérieux et Maxime Legrand.
La troublante lettre de Taubira
Ira ou ira pas ? C'est la question que beaucoup se posent au sujet de Christiane Taubira. Fin août, on découvrait cette petite phrase de l'ancienne garde des Sceaux : "Si François Hollande est candidat à la primaire, je le soutiendrai. S'il ne l'est pas, je me lancerai". Les pronostics étaient lancés. A tel point qu'une pétition a été mise en ligne sur change.org appelant à une candidature immédiate et salvatrice ("A l'aide !") de celle qui a porté la loi sur le mariage pour tous. Car, selon Frans Torreele à l'origine de cette initiative, "qui mieux que [Christiane Taubira] pourrait incarner cette Gauche de combat, cette Gauche d'idées, cette Gauche qui rassemble ?". La pétition rassemble presque 90.000 soutiens.
Cet appel n'a pas laissé insensible Christiane Taubira qui vient de se fendre d'une lettre de réponse sur son compte Facebook. "Je suis extrêmement sensible à l’initiative de cette pétition et à votre adhésion à ce qu’elle demande", peut-on lire. Et d'ajouter les trois raisons qui motivent cette réponse. La première est affective, de part la confiance que les signataires lui témoignent. La deuxième raison est politique, et son déroulé résonne comme un manifeste des principes qui pourrait guider son action. Enfin, la troisième raison qui vient conclure cette lettre troublante est éthique : "En exprimant une volonté, librement partagée au fil des signatures, vous avez posé un geste démocratique de haute portée". Un geste qu'il faut savoir écouter et garder à l'esprit. Et d'aucuns de se demander comment Christiane Taubira ne pourrait être candidate à la primaire de la gauche après pareil plaidoyer.