Laurent Wauquiez tente d'emboutir les festivals de cinéma LGBT de sa région en supprimant tour à tour les subventions régionales accordées depuis plusieurs années aux associations.
Nouvelle majorité, nouvelle donne. En région Auvergne-Rhône-Alpe, depuis que Laurent Wauquiez a obtenu la présidence l’an dernier, le climat n’est plus favorable à la diversité. Le fervent adjudant de la Manif pour tous semble profiter de son statut de président de la région pour mener sa croisade : amputer les associations LGBT, à commencer par leur dimension culturelle.
Au mois de septembre, le festival Face à Face organisé à Saint-Etienne s’est ainsi vu refuser sa subvention annuelle de 5.000€. L’association du même nom compte pourtant sur cette aide financière pour organiser l’édition 2017 du festival. Cela fait en effet douze ans que la région subventionne le festival de cinéma LGBT, permettant à la métropole de Saint-Etienne d’accueillir plus de 30 projections sur quatre jours, autant des longs et des courts-métrage, que des documentaires, mais aussi des rencontres avec les artistes et les associations.
Deux festivals amputés en deux mois
Le mois dernier, un autre festival de cinéma LGBT s’est vu retirer sa subvention annuelle par la région Auvergne-Rhône-Alpes : Ecrans Mixtes, le festival du film queer à Lyon. On parle cette fois-ci de 3.000 € perdus sur un budget total de 12.000 € « en raison des critères d’éligibilité et du nombre de demandes proposées ». Or « la région soutenait Ecrans Mixtes depuis le début, le festival répond donc parfaitement aux critères d’éligibilité », contestait son coordinateur Ivan Mitifiot cité par Hétéroclite. Selon lui, « Laurent Wauquiez tente de nous invisibiliser », or ce « n’est pas à la Région, mais au public de décider de la mort ou de la vie d’Écrans Mixtes et des festivals de cinéma LGBT. Le nôtre ne cesse d’augmenter d’année en année et le festival n’est donc pas près de s’arrêter. »
Avec un budget abaissé aux trois-quarts, la 7ème édition d’Ecrans Mixtes qui se tiendra en avril devra toutefois revoir son nombre d’invités à la baisse et réduire sa communication, ce qui signifie par la même occasion perdre en affluence… et donc amoindrir la visibilité de la culture queer. Laquelle construit pourtant un pont vers la lutte pour les droits LGBT à un public plus large.
Un troisième festival de cinéma LGBT de la région est menacé par ces coupes budgétaires. Le festival international du film gay et lesbien Vues d’en face qui se tient à Grenoble craint de ne pas recevoir la subvention de 3.000 € qui lui échoit pourtant chaque année. La décision sera rendue en mai 2017, mais les organisateurs se résignent déjà à supprimer plusieurs jours de projection.
Une impression de déjà vu...
Le porteur de drapeau de la « Droite sociale » ne s’arrête pas là, puisque Laurent Wauquiez a déjà commencé à supprimer d’autres initiatives permettant de lutter contre les discriminations. Hétéroclite cite à cet exemple les interventions du Défenseur des droits en milieu scolaire, qui ne seront plus financées par la région. Plus de délégation régionale à la lutte contre les discriminations, supprimée dès l’arrivée de Laurent Wauquiez à la présidence. Plus de Quinzaine de l’Egalité hommes-femmes non plus, car ça serait prendre le risque de propager la prétendue « théorie du genre »...
Plus tôt cette année, Valérie Pécresse, présidente de l’Île-de-France, faisait une entaille similaire dans le budget de la Marche des fiertés parisienne : 5.000 € de moins, et pas de char aux couleurs de la région. Au mois d’avril, c’est le centre LGBT de Nantes qui était victime d’un « chantage à la subvention » menée par la vice-présidence du Conseil régional pour taire tout débat autour de la gestation pour autrui. Comme quoi, là où la droite passe…