Le RefugeComme à chaque Noël, de plus en plus de jeunes LGBT à la rue

Par Julie Baret le 20/12/2016
jeunes LGBT Refuge

Alors que les fêtes de fin d'année mettent la famille à l'honneur, de plus en plus de jeunes LGBT frappent à la porte des centres d'accueil en cette période pour avoir un toit, partout en Europe.

"Quasiment aucun des jeunes qui sont hébergés dans les appartements du Refuge ne rentre passer Noël en famille" regrettait Nicolas Noguier, le président et fondateur du Refuge qui accueille et accompagne dans toute la France de jeunes garçons et de jeunes filles rejetés de leur famille parce qu'homosexuels ou transgenres, dans l'édition numérique de 20 minutes.
"La différence, cette année, c'est qu'on a eu une augmentation des demandes" renchérit Frédéric Gal. Directeur général de l'association et délégué de l'Hérault, il a été témoin de l'explosion des appels au numéro d'urgence du Refuge (+32%) et des prises en charge (+35%) depuis 2015. "Le mariage pour tous a été le premier angle d'attaque" de cette hausse explique-t-il, tout comme la notoriété croissante du Refuge, dont les affiches ont été diffusées à la télévision et affichées chez le médecin. Finie la baisse des demandes d’accueil en juillet-août aidée par la clémence estivale. “Dès 2015, on a eu des demandes d'hébergement en appartement-relais et en hôtel de janvier à décembre. Arrivé en janvier 2016, on a fait comme on a pu, avec des collègues de centres d'hébergement et d'autres solutions qu'on avait sous la main".
Au début du mois de décembre, l'association a donc lancé un appel à la générosité publique sur Facebook dont Jenifer, la marraine du Refuge, s'est également fait l'écho.

"La communauté LGBT a gagné des batailles, mais connait aujourd'hui un revers de bâton"

En Angleterre, deux associations similaires ont déjà tiré la sonnette d'alarme dans les colonnes de l'Independant. L'Albert Kennedy Trust et le Stonewall Housing ont enregistré une "hausse dramatique" de jeunes LGBT contraints de vivre dans la rue à cause de l'hostilité familiale, qu'il s'agisse de violence physique, psychologique, ou de la menace d'être envoyé en "thérapies de conversion". Cela se traduit par une hausse de demandes d'hébergement, mais aussi par une hausse des appels téléphoniques d'urgence; parmi les jeunes concernés, de plus en plus s'identifient comme trans. D'après les deux associations, "la communauté LGBT a gagné des batailles récemment, mais aujourd'hui nous connaissons un revers de bâton de la part des gens qui ne sont pas contents de ça. On peut légiférer, mais le changement des attitudes prend beaucoup de temps."
Or selon Frédéric Gal, "il n'y a pas forcément plus d'homophobie car l'homophobie est en flux-tendu et elle est toujours là, même si elle est plus ou moins expressive". D'ailleurs, les associations suisses, belges, italiennes et anglaises avec lesquelles travaille le Refuge constatent une hausse similaire à la période des fêtes :

L'augmentation elle est simple. On est dans une période de Noël, dans une période beaucoup plus famille. On est dans une période où les religions sont aussi très présentes. Et vont continuer à véhiculer des messages qui ne sont pas toujours de tolérance, mais aussi plus fondamentalistes dans le comportement, dans l'acceptation - ou non - de l'autre. Et ça c'est problématique.

Pour autant, le Refuge ne cesse de croître et ambitionne de développer l'hébergement en appartement-relais. Présent dans 16 villes de France, l'association propose 80 places d'hébergement dont plus de 1.000 jeunes ont déjà pu bénéficier.
Pour faire un don et aider le Refuge dans son action, rendez-vous ici.

  • 10 € par jour, c'est un jeune hébergé, nourri et accompagné
  • 500 € permet au Refuge d'héberger et d'accompagner deux jeunes pendant un mois