Rainer Torrado est un artiste madrilène qui s'est installé à Paris par amour. Depuis, il photographie des hommes sur des draps blancs, des hommes sur des hommes, des hommes sur des fleurs.
Cours de Beaux-art au lycée, architecture en école. Rainer Torrado n'a d'abord pas vocation à capturer les visages et les émotions, mais à dessiner le corps des bâtiments. Né à Madrid, il quitte l'Espagne le temps d'un échange Erasmus et découvre la capitale française.
Tout en étudiant l'architecture au sein de la prestigieuse école de La Villette, il suit des cours de photographie. Apprend la technique et s'exerce, équipé d'un "petit appareil numérique et d'un boitier reflex argentique", à photographier tout et tout le temps. Ses créations sont gardés à l'abri des regards ou offertes à ses amis. Finalement, son diplôme d'architecte en poche, Rainer retourne à Paris pour suivre sa moitié, et commence à capturer des clichés très pop pour la maison Jean-Paul Gaultier.
Mon début dans la photographie de mode m'avait amené à photographier des femmes la plupart du temps. Avec les années, assumer mes goûts et me concentrer sur les sujets masculins pour mon premier projet personnel fut aussi libératoire qu'inspirant; excitant aussi.
En 2013, Rainer Torrado achève sa série Horizon. Dans un espace saturé et fendu par la ligne d'un lit blanc, des hommes s'allongent et se contorsionnent sous son objectif, lui permettant de sublimer la musculature et les lignes de corps. Du nu masculin intimiste photographié en noir et blanc, Rainer évolue dès l'année suivante vers des portraits riches et délicats, nés de la superposition des figures. Brouillés ou magnifiés par la fumée de cigarette dans Nocebo, et par la pulpe des pétales d’orchidées dans F4D3.
Je regarde ces séries, comme le résultat d'une période créative habitée par la nuit,la complexité, le danger, et oui, la perte des repères.
Il voit dans cette nouvelle approche une manière de donner "une réponse contrastée et haute en couleurs à la série Horizon". Réinventant le sens de ses compositions vers une réponse plurielle et fragile. Le sens se dessine par sédimentation. Plusieurs spectre offrant plusieurs niveaux de lectures et plusieurs interprétations, comme ces portraits décomposés par leurs projections florales, qui invitent le public à s'interroger sur le "caractère éphémère de la vie et du plaisir".
Quand je projette des portraits sur mes orchidées pour capturer des nouvelles images, je pense plutôt à la confusion des genres. L'image qui en résulte, c'est un portrait ou c'est une nature morte ?
J'aime les garçons. Je suis sensible à leur physique, aux particularités de leur beauté. Et je partage mon regard avec les autres grâce à mes photos.
Mes modèles sont souvent des amis proches, ou deviennent proches avec le temps. Je shoote aussi des inconnus qui deviennent des amis, des amis qui deviennent des amants, des inconnus qui deviennent des amants...
Retrouvez les travaux de Rainer Torrado sur son site officiel ou sur son compte Instagram.
Couverture : Tristan Ridel ® Rainer Torrado