Océanerosemarie passe à la réalisation et on se marre beaucoup. Elle déboule avec une comédie romantique, grand public et chic qui prouve que l’orientation sexuelle peut ne pas être un sujet au cinéma.
« Ce que j’adore, dans les comédies romantiques, c’est qu’à un moment tu pleures. Je me disais toujours que si j’arrivais à émouvoir, j’aurais réussi le film ! » Pari gagné. Océanerosemarie poursuit tranquillement sa mission commencée sur scène avec La Lesbienne invisible en 2009. Objectif : rendre une histoire d’amour entre deux filles banale, commune et anodine. « Il y a plusieurs façons de militer, détaille Océane. De manière très frontale, comme Act Up a pu le faire. Au cinéma, on voit déjà beaucoup de drames sur le coming-out, sur l’horreur de l’homophobie. Dans un autre genre, La Vie d’Adèle est très dur. À un moment, il est important qu’on ait des images positives avec des héros gays où le sujet du film n’est pas l’homosexualité ! »
Casting de fou
Les hétéros qui ont travaillé sur le film se sont tous identifiés à l’une ou l’autre des filles : « Pour moi, c’est une victoire, ça veut dire qu’on s’adresse évidemment aux lesbiennes et aux gays, mais aussi à n’importe qui ». D’où l’idée de réunir un casting ultra populaire : Alice Pol, qu’on a pu voir dans les films de Dany Boon, Laure Calamy et Grégory Montel, très remarqués dans la série Dix pour cent, Nicole Ferroni, dont la notoriété a explosé avec ses chroniques sur France Inter, et même Michèle Laroque, qu’on ne présente plus. Elle joue la mère très BBB d’Océanerosemarie (BBB pour « Bons Blancs Bobos », gimmick de son dernier spectacle Chatons violents) et la ressemblance est troublante :
Physiquement, on dirait ma vraie mère ! On s’est beaucoup fait rire. Dès qu’elle ouvre la bouche, je suis pliée. Elle joue très bien ce personnage de bourge à la ramasse.
Côté direction artistique, l’ambiance est nineties et soignée : « Je voulais des références de gouines contemporaines. Et que ce soit pop ». Pop que l’on retrouve dans la BO : « Take on me », « Pump up the jam », et surtout Jeanne Added pour les chansons tristes.
Il en a fallu du temps, pour réunir ce petit monde. Océanerosemarie a commencé à écrire le scénario avec le réalisateur Cyprien Vial en 2011. Du coup, ils ont réalisé le film à quatre mains : « Je voulais travailler avec quelqu’un qui soit gay pour qu’on se retrouve sur un humour queer. Déjà que l’humour de mon film est parfois un peu lourdaud, il était important qu'on puisse rester maître de la situation ».
Océane-ci, Océane-là
Embrasse-moi donne lieu à une situation peu commune puisque le personnage d’Océanerosemarie est la réalisatrice d’un film qui met en scène Océanerosemarie comme héroïne… Schizophrénie ?
« Pas du tout, répond l’intéressée, Océane Michel de son nom. Océanerosemarie est très proche de moi, mais ce n’est pas moi. C’est ce qu’on appelle un persona ». Et pour être proche, elle est proche. Ses amis l’ont tous reconnue dans le film, en Don Juan au féminin : « Je pense que les gens qui ont besoin de séduire et qui ont eu beaucoup d'histoire ne changent pas ».
En revanche, le métier de l’Océanerosemarie du film est totalement inventé : elle est ostéopathe. « Un personnage physique, musclé, pour présenter un corps de femme différent. Dans l’ostéopathie, tu fais du bien aux gens, tu les répares. Océanerosemarie assure dans son métier, mais dès que ça concerne sa vie privée, elle foire tout. »
Si Océane est bien l’héroïne, le film met en scène sa bande de potes composée d’un couple gay, d’un couple hétéro, et d’une ribambelle d’ex :
Elle a ses copains pédés qui vont se marier, ses copains hétéros qui attendent un enfant, et même son petit frère qui s’installe avec sa meuf. Et elle, elle est dans la loose totale. Elle aimerait bien s’engager aussi.
La suite de l'article à retrouver dans le numéro juillet/août de TÊTU, en kiosque dès maintenant !
Embrasse-moi ! de Océanerosemarie et Cyprien Vial. Avec Alice Pol, Michèle Laroque, Laure Calamy, Grégory Montel, etc. 86 min. En salles le 5 juillet.