"Un enfant doit pouvoir choisir de porter un tutu ou un casque de pompier sans avoir à s'expliquer", s’est enhardie l'Église d'Angleterre dans un document à destination des enseignant·e·s #BisouLudovine.
Alors que se déroule, Outre-Manche, la semaine de lutte contre le harcèlement scolaire - dont on fêtait la Journée officielle en France, le 9 novembre -, l’Église d'Angleterre (Église anglicane établie comme religion d’État en Angleterre) a jeté un lourd pavé dans la marre conservatrice alimentée par la pseudo "théorie du genre".
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Dans un document d'une cinquantaine de pages envoyé lundi aux près de 5 000 écoles religieuses, qui représentent un quart des établissements du pays, l'institution propose des "Conseils pour les écoles de l'Église d'Angleterre pour combattre les brimades homophobes, biphobes et transphobes". Un guide en 12 étapes, nourris par les chiffres funestes récoltés par Stonewall, la plus association LGBT du Royaume-Uni, dans les écoles du pays : près de la moitié des élèves LGBT sont harcelé·e·s à l'école pour cette raison; près d'un·e élève trans sur dix reçoit des menaces de mort dans l'enceinte de son école; la grande majorité ne voit pas de professeurs intervenir dans ces cas-là.
Manuel clé en main contre les brimades
L'institution religieuse s'est bien imprégnée du vocable militant, depuis ses premiers conseils contre l'homophobie publiés en 2014 : elle prône entre autre la formation du personnel éducatif, l'enregistrement systématique des incidents (grâce à un modèle de formulaire fourni par l'Église !), la sensibilisation des élèves et l'inclusion de ces sujets - le harcèlement comme les différentes formes d'amour et de sexualité - dans les programmes scolaires, la mobilisation des parents d'élèves et la conduite d'une étude annuelle sur les effets de ces recommandations. Elle propose également un glossaire étayé des termes relatif à l'identité de genre et/ou de l'orientation sexuelle et un modèle de politique anti-harcèlement à développer au sein de chaque établissement. Rien que ça...
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"Le synode général [qui réuni évêques, archidiacres, doyens et responsables laïcs, ndlr] a accueilli avec beaucoup d'enthousiasme notre vision pour l'éducation, renseigne le clerc à la tête de la section éducative de l'Église. Ce sont des conseils pratiques. Il s'agit de permettre aux enfants d'explorer leurs identités en grandissant. Pour les plus petits, ça peut vouloir dire s'affranchir du dressing habituel. Pour les élèves plus âgés, ça peut signifier des conversations éclairées pour grandir dans la connaissance et le respect d'autrui. (...) Les enfants devraient être libres d'explorer et de jouer, débarrassés des suppositions des parents ou des brimades."
Le document précise :
Par exemple, un enfant doit pouvoir choisir de porter un tutu, une tiare de princesse, des talons et/ou un casque de pompier, une ceinture d'outils et une cape de super-héros, sans attente ni commentaire. L'enfance est un espace sacré en ce qui concerne l'auto-imagination créative (...), une période où nous pouvons (...) explorer des projets et des identités. (...) Il est préférable d'éviter les étiquettes ou les suppositions selon lesquelles le comportement d'un enfant serait irrégulier, anormal ou problématique, simplement parce qu'il ne correspond pas aux stéréotypes de genre ou aux références de jeu actuelles.
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Difficile pour autant de parler de la fin de l'uniforme si cher aux écoles britanniques, même si l'Église, dans le document, reconnaît qu'il est source de discrimination pour les élèves transgenres.
"Un grand progrès"
Cités par le Guardian, l'association Stonewall a accueilli un "message clair" de l'Église d'Angleterre et Peter Tatchell, militant à OutRage!, a salué un "grand progrès pour église traditionnellement hostile aux droits des LGBT".
Indépendante de la Curie romaine (et donc l'autorité papale), l'Église d'Angleterre est dispensée de l'interdiction de la prêtrise pour les homosexuels répétée par le pape François en 2016. Il existe donc des prêtres anglicans ouvertement gays ou lesbiennes. Ces dernier·e·s peuvent également s'unir avec une personne de même sexe dans le cadre d'un un civil partnership (réservé aux couples homos au Royaume-Uni) si elles·ils respectent la chasteté imposée aux couples mariés, et être consacrés évêques - cette ordination étant toutefois réservée aux hommes. Cet été, c'est l'institution religieuse qui a interpellé le gouvernement britannique pour bannir officiellement les "thérapies de conversion" qui prétendent "guérir" (sic.) l'homosexualité, déjà fustigée comme des thérapies "non éthiques" par le synode général. L'Église d'Angleterre conserve toutefois une position ferme contre le mariage pour tous.
Plus tôt dans l'année, c'est l'Église d'Écosse - la première Église anglicane du Royaume-Uni qui a ouvert le mariage religieux aux couples de même sexe.
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