enquêteTravail : Un tiers des salarié·e·s LGBT déclarent être "invisibles"

Par Adrien Naselli le 15/12/2017
salarié·e·s LGBT

La première enquête de l'Ifop pour l'association L'Autre Cercle révèle la persistance de difficultés à vivre de manière épanouie son orientation sexuelle.

Près d'un tiers des salarié·e·s LGBT déclarent être "invisibles" au travail. C'est l'un des chiffres qui ressort de l'enquête Ifop pour l'association L'Autre Cercle, qui s'évertue notamment à faire signer une "Charte d'engagement LGBT" à de grandes entreprises. Aujourd'hui, près de 900 000 salarié·e·s sont protégés par cette charte signée par plus de 60 entreprises, publiques comme privées. C'est pour mesurer les effets de ces signatures et pour élargir son tableau de chasse que L'Autre Cercle a commandé cette étude, réalisée auprès de 6 698 salarié·e·s hétéros et LGBT.
Nous avons relevé les chiffres les plus percutants.

Près d'un tiers des salarié·e·s LGBT dans le placard

Au travail, parmi les 29% de personnes LGBT « invisibles », 73% déclarent cacher leur orientation sexuelle en évitant de parler de leur vie privée et 14% en prétendant qu’elles sont hétéros. « Eviter de parler de sa vie privée » ? En clair, ces personnes ne sont pas totalement dans le placard, mais elles ne racontent pas leur soirée avec leur petit copain ou leur petite copine à la machine à café. Alors que les histoires de couple et les projets sont évidemment un élément central de la sociabilité entre collègues.

Un hétéro sur quatre « mal à l’aise » face à un·e collègue LGBT

C’est peut-être le chiffre le plus inquiétant de l’étude : 73% des hétéros se déclarent « à l’aise » face à un ou une collègue LGB, et ce chiffre descend à 64% quand il s’agit d’une personne trans. Ainsi, 3% se disent « mal à l’aise » avec les LGB, 15% avec les trans, et le reste déclare « ne pas se poser la question ». Une autre manière de ne pas se sentir « à l’aise » ?

Les gays et les bis mieux lotis que les lesbiennes et les trans

L’étude révèle que 75% des hommes gays et bis parlent de leur orientation sexuelle sans problème, alors que 64% des femmes seulement le font. L’Autre Cercle évoque ainsi un « double plafond de verre » pour les femmes lesbiennes dans l’entreprise.
Ces chiffres contrastent néanmoins très fortement avec le chiffre ridiculement petit de 9% des LGB visibles auprès des ressources humaines de leur entreprise. Soit moins d’une personne sur dix. Or les RH sont, dans beaucoup d’entreprises, un interlocuteur essentiel pour faire le lien entre vie professionnelle et vie privée – mariages, naissances, vacances, évolutions, déménagements, etc. De même, 16% seulement des LGB sont out auprès de leur supérieur·e hiérarchique. L’Autre Cercle explique ce chiffre par la crainte d’être freiné dans son évolution de carrière : 31% des répondants LGBT s’estiment discriminés dans le privé et 27% dans le public.

Un tiers des LGBT disent avoir été discriminé·e au travail

Seulement 9% des personnes hétéros interrogées disent avoir constaté des discriminations envers les salarié·e·s LGBT. En revanche, ces derniers sont près d’un tiers à dire qu’ils ont été discriminés ou à avoir relevé des discriminations sur des collègues LGBT. Parmi les motifs de discrimination : les moqueries (60%), les mises à l’écart (31%) et les inégalités dans le déroulement de la carrière (29%).
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