TunisieTunisie : Vers une dépénalisation de l'homosexualité ?

Par Prosper Dou le 21/06/2018
Tunisie : Vers une dépénalisation de l'homosexualité ?

Un rapport de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe), remis le 8 juin au président de la Tunisie Béji Caïd Essebsi, a été finalement présenté hier, mercredi 20 juin. Il préconise, entre autres avancées, la suppression de l'article 230 du Code pénal criminalisant l'homosexualité.

Un vent de progrès social souffle sur la Tunisie. Dans un rapport historique, la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe) a présenté hier, mercredi 20 juin, un texte proposant de vastes réformes sociales comme l'abolition de la peine de mort, l'égalité dans l'héritage ou la dépénalisation de l'homosexualité, punie en Tunisie par l'article 230 du Code pénal. D'abord remis au président tunisien Béji Caïd Essebsi, le 8 juin dernier, ce rapport représente de véritables avancées pour les tunisiennes et les tunisiens.
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Il préconise également «d’abandonner la peine de prison qui peut aller jusqu'à trois ans et d’interdire l’usage du test anal [considéré par de nombreuses ONG comme un acte de torture], utilisé aujourd’hui pour prouver une relation homosexuelle», a précisé la présidente de la Colibe, Bochra Belhaj Hmida, à Libération. En 2017, au moins 70 personnes ont été emprisonnées selon l’Association tunisienne de défense des libertés individuelles (ADLI).

Un rapport salué et critiqué

La plupart des ONG, comme La ligue tunisienne des droits de l'homme, Shams ou l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates ont salué ces réformes. Mais évidemment, le texte suscite moins l'enthousiasme du côté des milieux religieux qui eux fustigent le texte. De manière peu étonnante, Sabri Abdelghani, imam et membre d'une coordination religieuse, a ainsi déclaré à l'AFP que ces propositions constituent «un terrorisme intellectuel qui veut faire éradiquer l'identité tunisienne pour laisser notre peuple sans religion, sans identité et sans aucun repère». Avant d'ajouter que ces réformes «ont des fins électorales et veulent séduire l'Union européenne». Les débats promettent d'être mouvementés.
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