La réalisatrice du film kényan « Rafiki », Wanuri Kahiu, a déposé une plainte contre la décision de la commission kényane de la censure d'interdire son long-métrage, au motif qu'il traite de l'amour entre deux femmes, a-t-on appris jeudi 13 septembre 2018.
« Rafiki » est le premier film kényan jamais sélectionné à Cannes, où il a été présenté début mai 2018 dans la sélection « Un Certain regard ». Il est adapté d'un roman de l'Ougandaise Monica Arac Nyeko, « Rafiki » (« ami » en kiswahili), et raconte l'histoire d'un coup de foudre entre deux jeunes femmes appartenant à des camps politiques opposés. Le film a été interdit en avril 2018 au Kenya par la commission de la censure, en raison de « son thème homosexuel et de son but évident de promouvoir le lesbianisme au Kenya, ce qui est illégal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple kényan ».
Plainte constitutionnelle
La réalisatrice, Wanuri Kahiu et l'ONG Creative Economy Working Group (CEWG), « ont déposé aujourd'hui une plainte constitutionnelle contestant la décision du Kenyan Film Classification Board (KFCB) - la commission de censure - et de son directeur exécutif Ezekiel Mutua d'interdire le film au Kenya », a indiqué CEWG dans un communiqué daté de mardi 11 septembre 2018 et diffusé ce jeudi 13 septembre 2018 par l'AFP.
« Nous croyons en la liberté d'expression comme la pierre angulaire de toute démocratie », a ajouté la même source. « La censure déraisonnable et injustifiable de films viole nos droits à la liberté d'expression et à la liberté des médias (...) garantis par la constitution du Kenya. » Les plaignants souhaitent notamment une levée de l'interdiction afin que le film soit sélectionnable par le comité des Oscars dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère pour la cérémonie prévue en 2019.
Toujours sous le coup des lois datant du colonialisme britannique, l'homosexualité reste illégale au Kenya.
(Avec AFP)
Crédit Photo : Allociné / Big World Cinema.
