LGBTQI+Abus sexuels dans l'Église : un sommet inédit au Vatican en février 2019

Par Marion Chatelin le 14/09/2018
Le pape François

Le Vatican a annoncé, mercredi 12 septembre 2018, vouloir réunir les présidents des conférences épiscopales du monde entier pour un sommet sur la question des abus sexuels dans l'Église. À l'initiative du pape François, cet événement se tiendra du 21 au 24 février 2019, à Rome. Pas sûr que quatre jours soient vraiment suffisant pour traiter toutes les affaires de pédophilie et d'abus sexuels qui s'accumulent sur le bureau du Saint-Père...

Un pontificat agité. Depuis un mois, le pape François accumule les faux pas et les scandales. Embourbé dans des affaires concernant les abus sexuels de prêtres, il a décidé de convoquer les présidents des conférences épiscopales du monde entier pour un sommet sur l'épineuse question des abus sexuels dans l'Église. L'événement extraordinaire aura lieu à Rome du 21 au 24 février prochain. Et les dossiers sont nombreux. Tour d'horizon des scandales survenus cet été (et la liste n'est malheureusement pas exhaustive !).

L'Église allemande « a honte »

Dernier scandale en date, mercredi 12 septembre 2018, lorsque deux hebdomadaires allemands - Spiegel et Die Zeit - ont révélé un rapport commandé par l'Église catholique sur les abus sexuels. Au total, 3677 enfants (majoritairement des petits garçons) âgés au maximum de 13 ans aux moments des faits, auraient été victimes d'abus sexuels de la part de prêtres allemands entre 1946 et 2014. Les chiffres sont édifiants. Pas moins de 1670 prêtres sont impliqués dans ces affaires. Ils exerçaient et certains exercent encore, dans une trentaine de diocèses en Allemagne.

Pire encore, selon les journaux qui ont eu accès au rapport, la hiérarchie catholique se serait rendue complice en cachant ou en minimisant la gravité des abus sexuels. Certains documents auraient été falsifiés, d'autres détruits. L'évêque allemand Stephan Ackermann a réagi dans un communiqué publié le 12 septembre 2018 au nom de la Conférence épiscopale : « Nous sommes conscients de l'ampleur des abus sexuels qui ont été démontrés. (...) Nous sommes accablés et honteux. »

« Prêtres prédateurs » en Pennsylvanie

Le mardi 14 août dernier, la justice de l'État de Pennsylvanie révélait un rapport conduit par un grand jury - un ensemble de citoyens fournissant un travail proche de celui du juge d'instruction en droit pénal américain - contenant 300 fiches de prêtres, tous accusés d'agressions sexuelles et de viols. Au moins 1000 enfants ont été victimes de ces « prêtres prédateurs » depuis les années 1950. Toujours selon le rapport, les crimes auraient été couverts par l'Église catholique de cet état américain : « Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles et les hommes d'Eglise qui étaient leurs responsables n'ont rien fait. Durant des décennies. » Et de poursuivre :

« Les hauts responsables de l'Église ont le plus souvent échappé à leurs responsabilités, des évêques et des cardinaux ont, pour l'essentiel, été protégés. Beaucoup, dont certains sont nommés dans ce rapport, ont été promus. Tant que cela ne change pas, nous pensons qu'il est trop tôt pour refermer le chapitre des scandales sexuels de l'Église catholique. »  

La justice chilienne demande l'assistance du Vatican

Le même jour au Chili, les autorités locales ont perquisitionné deux institutions au sein de l'Église catholique chilienne, sous le joug d'une enquête visant 158 évêques et prêtres pour abus sexuels sur des mineurs et adultes depuis les années 1960. Parmi les 266 victimes recensées par le parquet, 178 étaient mineures au moment des faits. Les procureurs chiliens ont par ailleurs demandé au Saint-Siège de leur fournir les « dossiers canoniques » de neuf prêtres du pays soupçonnés d'abus sexuels.

L'affaire Theodore McCarrick

Autre dossier brûlant : Le cas de l'archevêque américain Theodore McCarrick. Cette éminente figure de l'Église américaine aurait abusé sexuellement d'un enfant de 11 ans pour la première fois en 1970. À l'époque, une enquête avait été ouverte et jugée « crédible » par l'Église. Depuis, il aurait récidivé un grand nombre de fois. Pourtant, le prélat a pu continuer sa carrière sans entrave. En 2000, il est nominé par Jean-Paul II archevêque de Washington et cardinal. C'est seulement en 2013, soit trois mois après son élection, que le pape François, aurait été mis au courant des méfaits du cardinal américain, qui aurait « corrompu des générations de séminaristes et de prêtres » en abusant d'eux sexuellement.

Le Saint-Père a décidé de le démettre de ses fonctions de cardinal en juillet 2018. Mais trop tard le mal a été fait. Et une telle conduite soulève d'épineuses questions, d'autant plus que son comportement n'était pas un secret pour ses collègues. Certains cardinaux comme Daniel DiNardo, ont même reconnu que les plaintes contre l'archevêque américain ont été tenues secrètes « pendant des décennies ».

Pas sûr que les quatre jours de sommet, prévus du 21 au 24 février 2019, suffisent à aborder l'ensemble de ces scandales.

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