LGBTphobieStop aux LGBTphobies : des milliers de manifestants à Paris après une vague d'agressions

Par Romain Burrel le 21/10/2018
Agressions

Des milliers de personnes se sont rassemblées, ce dimanche 21 octobre, place de la République, à Paris, à l'appel de l'association SOS Homophobie et de l'Inter-LGBT. Le but ? Dénoncer la série de violentes agressions homophobes qui a frappé un peu partout en France les homosexuel.les et les personnes transgenres, notamment dans la capitale, ces dernières semaines. TÊTU y était.

"Ca suffit !" Voilà ce qu'étaient venus déclarer des milliers de manifestants, 3000 selon une source policière, ce dimanche 21 octobre sur la place de la République à Paris. La manifestation était organisée à l'appel de plusieurs associations, après une série d'agressions homophobes à Paris ces dernières semaines.

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SOS Homophobie, Act-Up, Amnesty International, Diivineslgbtqi... Plusieurs collectifs se sont succédés au micro pour dénoncer les violences homophobes, lesbophobes, biphobes ou transphobes. L'une des dernières en date a eu lieu mardi. Guillaume Mélanie, président d'Urgences Homophobie, une association d'aide aux étrangers LGBT en danger dans leur pays, a été frappé à la sortie d'un restaurant.

"On a le droit d’être protégé comme les autres."

Présent à la manifestation, l'oeil encore marqué par un coquard, il s'est félicité d'une "libération" de la parole. Après son agression, il avait posté sur Twitter une photo de son visage tuméfié. "Avant on se culpabilisait, aujourd'hui on se montre", a-t-il déclaré avant d'interpeler les nouveaux ministres de l'Intérieur, Christophe Castaner, et de la Justice, Nicole Belloubet : "On paye nos impôts comme les autres. On a le droit d’être protégé comme les autres."

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Joël Deumier, président de SOS Homophobie, a réclamé d'urgence une "campagne nationale" de sensibilisation contre les LGBTphobies et que toutes les paroles LGBTphobes, qu'elles viennent "du Pape, de la Manif pour tous ou de Marcel Campion", soient "systématiquement" condamnées par le gouvernement.

"Il y a une agression physique homophobe tous les trois jours en France", a-t-il rappelé. A Paris, malgré la multiplication des cas d'agressions dans la presse et sur les réseaux sociaux, la Préfecture de police assure que les actes à caractère homophobe, entre janvier et septembre, sont en baisse de 37% par rapport à 2017 sur la même période (74 faits constatés contre 118). Des chiffres qui traduisent mal le sentiment de peur et de révolte qui habite le coeur des personnes LGBT ces dernières semaines.

Martin, 21 ans, les joues maquillées de paillettes, un rainbow flag sur les épaules, a lui aussi tenu à venir avec ses ami.es au rassemblement: "Moi aussi je me suis fait frapper, cracher dessus et insulter dans la rue, il y a un mois à peine, explique-t-il à TÊTU. Mais je n'ai pas eu le courage de porter plainte." 

Minute de silence et poings levés

Un représentant de l’association Acceptess-T a demandé à la foule de respecter une minute de silence en la mémoire de Vanesa Campos, travailleuse du sexe transgenre tuée l'été dernier au Bois de Boulogne, et de toutes les victimes d'agressions homophobes.

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L'avocate Caroline Mecary a, quant à elle, tenu à rendre hommage au militant homosexuel Zacharias Kostopoulos, récemment assassiné en Grèce. Parmi les manifestants, des centaines ont levé le poing au moment où on leur a demandé s'ils avaient déjà été victimes d'insultes ou d'une agression homophobe. Tandis que, dans la foule, les militants de l'association Act-Up scandaient : « Assez, Assez, Assez de cette société qui ne respecte pas les Trans, les Gouines et les Pédés »

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La maire de Paris Anne Hidalgo a appelé mercredi à "un sursaut collectif" et invité les services de la Préfecture de police, du procureur de Paris, de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) ainsi que les associations à une réunion sur
le sujet.

Quelques représentants politiques

Quelques personnalités politiques étaient également présentes lors de ce rassemblement, comme l'élu PCF à la mairie de Paris, Ian Brossat. Mais aussi quelques membres du gouvernement comme le secrétaire d'Etat chargé du Numérique Mounir Mahjoubi, le nouveau ministre de la Culture Frank Riester ainsi que le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Reste à savoir s'ils ont entendu l'appel qui leur a été aujourd'hui adressé...

La multiplication des agressions homophobes faisait, cette semaine, l'objet de notre chronique "NRV et TÊTU" sur France Inter :

(Avec AFP)

MÀJ : le nombre de manifestants a été ajouté dans le premier paragraphe,  le dimanche 21 novembre à 21:05, suite à la publication d'une dépêche.

Crédit photo : Rozenn Le Carboulec.