Une enquête vient d'être lancée pour évaluer les discriminations subies par les personnes LGBT+ dans la ville de Bordeaux. Explications des sociologues qui sont à l'initiative du projet.
Les personnes LGBT+ se sentent-elles en sécurité dans leur ville ? C'est la question à laquelle tentera de répondre une enquête s'adressant aux habitant.e.s de Bordeaux, qui a été lancée le 5 novembre dernier, notamment en réponse à la multiplication des agressions LGBTphobes ces derniers mois. « L’Observatoire bordelais de l’égalité, sous l’impulsion du maire adjoint à l’Égalité Marik Fetouh, et des associations LGBT+ de Bordeaux, ont pour souci de mesurer les phénomènes discriminatoires pour mieux les cerner et donc mieux agir. Aussi, l’actualité récente nous a encouragés dans cette voie en nous interrogeant de la sorte : quel droit à la ville pour les LGBTQI ? », expliquent ainsi à TÊTU Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn, sociologues de l'université de Bordeaux, spécialistes des questions liées aux discriminations, à l'orientation sexuelle et au genre.
"Des 'angles morts' de la recherche sur les LGBTIphobies"
L'étude portera sur trois secteurs : l'espace public, les services privés ou publics, et enfin le travail, "car ils se situent dans des 'angles morts' de la recherche sur les LGBTIphobies", estiment les sociologues. Parmi les questions posées dans le questionnaire : "Sur une échelle de 1 (pas bien) à 10 (très bien), comment vous sentez-vous en ville ?", "Au cours des 12 derniers mois, avez-vous été témoin de discriminations / injures LGBTIphobes ans l'espace public", ainsi que de nombreuses questions précises sur la nature des discriminations subies et l'endroit où elles ont eu lieu.
"Le droit à la ville, c'est non seulement le droit de se déplacer, mais c'est aussi le droit de stagner, d'être visible ou invisible quand on le souhaite, et pouvoir bénéficier des services municipaux : administration, logement, loisirs, sécurité... Mesurer le rapport des LGBTI à ces secteurs de l'offre municipale est une façon d'ajuster les services rendus aux citoyen.ne.s", explique Arnaud Alessandrin.
"Les débats sur la PMA réactivent ces violences"
Ce n'est pas la première fois que l´Observatoire bordelais de l'égalité s'intéresse aux discriminations subies par les personnes LGBT+. Dans une précédente recherche menée à Bordeaux, les sociologues ont soulevé qu'au cours de l'année 2013, 82% des personnes LGBT+ avaient évité un espace public au moins une fois, de peur d'une insulte ou d'une discrimination, comme ils l'expliquaient dans une tribune sur le Huffington Post.
"Une enquête de l'Observatoire bordelais de l'égalité de 2015 notait, qu'en 2013-2014, le sentiment urbain des LGBTI était légèrement plus dégradé que celui des femmes dans leur ensemble. C'est dire l'impact des manifestations contre le mariage dans les mémoires des LGBTI, ajoute par ailleurs Arnaud Alessandrin. Les débats sur la PMA réactivent ces violences. Les témoignages d'agressions quotidiennes en sont la preuve. À nous dorénavant de passer des témoignages au dénombrement afin d'accompagner les politiques publiques et les associations dans leurs actions."
L'enquête, pour laquelle les chercheurs espèrent plus de 1.000 réponses, est accessible en ligne jusqu'à fin décembre.
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Crédit photo : Adrian Scottow / Flickr.