La secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femme-hommes et de la lutte contre les discriminations a présenté ce lundi matin en Conseil des ministres une "série de mesures" pour lutter contre les LGBTphobies.
Il y avait urgence à agir. Ce lundi matin, la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa a présenté en Conseil des ministres son "plan" de lutte contre les LGBTphobies. Des annonces faisant suite à une recrudescence ces derniers mois des agressions envers les personnes LGBT.
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, les actes LGBTphobes ont augmenté de 15% entre janvier et septembre 2018 par rapport à la même période en 2017. Le nombre d'appels à la ligne d'écoute de SOS Homophobie a, quant à lui explosé: plus 37% en septembre 2018 par rapport à septembre 2017.
"L'homophobie n'est jamais une opinion, martèle la ministre. La peur, l'ignorance et la haine nourrissent l'homophobie. Nous, pouvoirs publics, pouvons et devons lutter contre ce fléau par l'éducation et la répression". Comment ? Onze mesures, dont certaines étaient déjà connues, ont été détaillées en Conseil des ministres ce lundi.
Plusieurs campagnes de communication
Le gouvernement entend d'abord "informer" grâce à une "campagne de communication nationale" qui sera lancée en 2019 sur internet et dans la presse. Selon plusieurs associations présentes lors de la réunion du jeudi 22 novembre à l'Elysée, en présence d'Emmanuel Macron, elle devrait être financée à hauteur de 300.000 euros.
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Une autre campagne, "résolument positive", sera également déployée dans les lycées et les collèges à partir de janvier prochain. "Elle sera relayée sur internet et les réseaux sociaux par des vidéos en collaboration avec des YouTubeurs", a annoncé le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer dans le magazine TÊTU le 21 novembre dernier.
Il entend ainsi lutter contre le harcèlement scolaire : "Il faut que la honte change de camp pour faire que celui qui est homophobe soit considéré comme quelqu'un de honteux, nous explique-t-il. Faire qu'être homophobe ne soit pas banalisé et qu'être harceleur ne soit pas 'cool'".
Des formations obligatoires
Des formations obligatoires dédiées à la lutte contre les LGBTphobies seront également données aux policiers et gendarmes, surveillants pénitentiaires, magistrats et professeurs. On ne sait en revanche pas si les surveillants, les CPE ou les infirmièr.e.s scolaires seront concerné.e.s. En outre, la formation des forces de police et de gendarmerie, sera également "renforcée en lien avec la Dilcrah".
Des opérations de testing seront menées par la plateforme Pharos en partenariat avec une association LGBT pour "tester la réactivité des réseaux sociaux dans la suppression de messages anti-LGBT". La secrétaire d'Etat Marlène Schiappa annonce également l'ouverture d'une ligne d'écoute pour les personnes LGBT, dédiée à la Guadeloupe et à la Martinique courant 2019.
Enfin côté justice, la ministre Nicole Belloubet va adresser - et on le savait déjà - aux parquets une circulaire rappelant l'arsenal législatif et pénal pour mobiliser de manière accrue les pôles anti-discriminations contre les LGBTphobies.
Pas de traces en revanche de la création d'un brevet sur les discriminations ou de l'inscription des luttes LGBT dans les manuels d'histoire : des demandes faites par Joël Deumier jeudi à l'Elysée et pour lesquelles Emmanuel Macron s'était montré favorable.
La charrette avant les boeufs
Qu'en pensent les associations justement ? "On considère que le plan comporte de bonnes mesures, mais toute la question est de savoir comment cela va être mis en oeuvre et au moyen de quels budgets", se demande le président de SOS Homophobie Joël Deumier.
Il s'interroge, entre autres, sur l'annonce visant à "renforcer la formations des référents LGBT+ dans les commissariats". Il semblerait en effet que le gouvernement mette la charrette avant les boeufs puisque la présence de ces référents n'est pas encore effective. Selon le plan du gouvernement, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner devrait prochainement envoyer "une circulaire aux préfets pour rappeler la mise en oeuvre des disposition d'accueil et de recueil des plaintes".
Joël Deumier s'inquiète aussi du souhait du gouvernement de "développer les interventions en milieu scolaire avec des associations". "C'est une bonne chose, mais il faut que des bénévoles nous rejoindre pour que l'on puisse répondre à la demande". Et de conclure : "Bref, ce plan demande à être détaillé et budgété".
Crédit photo : TÊTU