TÊTU est de retour en kiosque ce 21 novembre, dans une formule plus dense et trimestrielle. Édito du directeur de la rédaction Romain Burrel.
Je me souviens de ma première agression homophobe. Un dimanche après-midi. Une semaine avant Noël. Quand cinq garçons me sont tombés dessus pour m’insulter et me rouer de coups, avant de s’éloigner tranquillement, me laissant à terre, tandis qu’une trentaine de personnes passaient par là. Sans réagir. Je me souviens de la douleur vive à l'arrière de ma tête. Je me souviens du goût du sang dans ma bouche.
Je me souviens de ma dernière agression, l’été dernier, lorsque cette fille m’avait traité de “sale pédale” dans le métro car j’avais eu le malheur de la frôler dans une rame bondée. Je ne me souviens pas vraiment de toutes les autres. Mais je me souviens très bien des insultes qui fusaient dans la cour de l’école.
Au moment où le nombre de récits d’agressions se multiplie, notamment sur les réseaux sociaux, TÊTU a voulu s’attaquer à l’un des foyers du mal-être des LGBT+. Dans ce numéro, nous publions une grande enquête sur l’homophobie à l’école. De jeunes homosexuels témoignent à visage découvert et racontent leur douleur. Ils sont infiniment plus courageux que ne le seront jamais leurs bourreaux. L’école est encore l’un des premiers lieux de souffrance pour les gays, les lesbiennes ou les personnes trans’. Cette douleur, nous l’avons portée jusqu’au ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. À vous de juger si ses réponses sont à la hauteur de la situation.
Mais cette guerre à la bêtise et à l’intolérance, nous la gagnerons. Ensemble. Comme nous avons arraché une par une les victoires pour l’égalité : la fin de la discrimination dans l’âge de la majorité sexuelle, le pacs, le mariage pour tous, les soins funéraires pour les personnes séropositives...
Des combats à mener ensemble
À la veille d’une nouvelle bataille, celle de la PMA pour toutes, qui s’annonce d’ores et déjà éprouvante, nous ne devons pas douter de nous-mêmes. Le sentiment de lassitude et de raz-le-bol ne devrait jamais prendre le pas sur celui de fierté. C’est pourquoi TÊTU met en avant les parcours inspirants de trente LGBT+ qui bougent la France. Ils nous divertissent, nous font réfléchir et prennent soin de nous.
Dans ces pages, vous lirez aussi des interviews généreuses de Camille Cottin, Marina Foïs, Rupert Everett, Calum Scott, Christophe Honoré ou Barry Jenkins... Des homos, des lesbiennes, des allié.e.s qui nous aiment et à qui nous le rendons bien.
Autant de raisons pour TÊTU de continuer à exister, paraître et se réinventer. Car le retour de ce magazine, dans sa forme trimestrielle, tient du petit miracle. Son histoire aurait dû s’arrêter brutalement. Mais nous n’y étions pas résolus. Le voici à nouveau en kiosque, et entre vos mains, porté par une nouvelle équipe, pour mener de nouveaux combats et permettre de nouvelles rencontres. TÊTU est un bien commun. Il vous appartient autant qu’à nous. Peut-être même plus.
Crédit photo : TÊTU.