L'un des deux premiers pom-pom boys au Super Bowl se confie

Par Louise des Places le 12/02/2019
pom-pom boy

Napoleon Jinnies raconte comment, de jeune homme harcelé à cause de son homosexualité, il est devenu le premier pom-pom boy (avec son ami Quinton Peron) à prendre part au mythique Super Bowl. Un chemin vers la consécration qui n'a pas toujours été facile.

"Je danse depuis tout petit", confie Napoleon Jinnies, membre de l'équipe de cheerleading des Los Angeles Rams, dans une longue interview accordée au média amércain Refinery 29. Très jeune, il s'est heurté à l'incompréhension de ses proches. Son père aurait préféré qu'il fasse du karaté, et ne comprenait pas pourquoi il préférait danser avec des filles plutôt que de faire du sport comme ses deux grands frères.

Au lycée, Napoleon était le seul garçon dans l'équipe de danse et était harcelé à cause de son orientation sexuelle. Certains camarades faisaient des commentaires sur lui quand il passait dans les couloirs et ont même collé du chewing-gum dans ses cheveux. « C'en est arrivé à un point où je ne voulais plus aller à l'école, explique le chearleader. Du coup j'ai déménagé de Santa Barbara au comté d'Orange [à trois heures de route plus au sud]. » Napoleon a ensuite poursuivit des études à l'université Orange Coast College, où il a commencé la compétition.

"Le monde avait les bras ouverts"

Un jour, alors qu'il danse dans un show à Disneyland, deux collègues, supporters des Rams, lui apprenent que l'équipe de pom-pom girls recrute. A l'audition, Napoleon rencontre Quinton Peron. Ils sont les deux seuls hommes à se présenter et décident de se serrer les coudes : "La plupart des auditions mettent beaucoup de pression - tout le monde veut sa place et personne dans la salle n'est ton ami. Pour nous, c'était très excitant qu'il y ait deux hommes ici. Nous y sommes allés main dans la main".

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Après avoir intégré l'équipe, Napoleon craint un peu le regard du public, lui qui a été harcelé pendant toute son adolescence. Mais l'accueil qu'il reçoit le rassure rapidement : "J'étais surpris, le monde avait les bras ouverts. Même au Super Bowl, on était dans l’ascenseur avec les footballeurs, et les joueurs me disaient 'Ma copine est fan de toi - on t'adore' ». 

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L'épanouissement après le harcèlement

Le pom-pom boy, habitué à être blâmé, peut enfin s'épanouir. « Mon coach ne m'a jamais regardé, ni traité différemment des filles », raconte-t-il aujourd'hui avec reconnaissance. Il se réjouit également de se maquiller pour les shows, comme les autres membres de l'équipe. Lui qui a commencé à porter du maquillage au lycée pour cacher son insécurité a aujourd'hui une chaîne YouTube dédiée au make-up. "Quand je porte du maquillage, je me sens bien. Je me sens puissant. Je me sens très confiant et je m'aime".

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Avec son ami Quinton Peron, ils ont été les premiers pom-pom boys sur la scène du Super Bowl, le 3 février dernier : "Qui aurait cru que nous aurions non seulement marqué l'histoire (...) mais que nous aurions inspiré le monde ? Je pleure à chaque fois que j'y pense".

Depuis, le jeune homme reçoit des messages de petits garçons qui veulent se lancer dans la même aventure. "Le genre ne devrait jamais être un obstacle, insiste-t-il. Si tu as le talent, la passion, et l'envie de le faire, tu devrais avoir le droit". Une belle revanche.

Crédit photo : Instagram @napoleonjillies.