cinémaDe Milk à Rocketman: dix biopics pour se sentir fier !

Par Romain Burrel le 01/07/2019
biopics

Pour finir en beauté ce mois des fiertés, TÊTU dresse la liste des 10 biopics  de personnes LGBT+ les plus inspirants, de "Harvey Milk" à "Rocketman" !

Rocketman (2019)

Sur le papier, on n'aurait pas misé deux livres sur Taron Egerton (Kingsman), l’acteur britannique le plus craquant de sa génération, pour camper Elton John dans un film produit par la pop star elle-même.

A l'arrivée, Rocketman est un sommet furieusement queer où l'on retrouve tout Elton : sa vie intense, sa folie pure, son génie terrassant, son extravagance sans borne. Mais aussi son coté obscur : sa sexualité honteuse, ses penchants pour la drogue, la dépression et ce placard qui rend fou (et seul).

Faussement présenté comme un biopic, le film est plutôt un agrégat de visions et de délirantes bouffées autant qu'une relecture furieuse et jouissive de la vie d'Elton à travers ses hits.

Déjà chargé au pied levé de remplacer Bryan Singer aux commandes de Bohemian Rhapsody, dont il a semble-t-il tiré bon nombre de leçons, le réalisateur Dexter Fletcher est passé maitre dans l'art d'adapter au cinéma les vies de personnalités pop et queer. A ne rater sous aucun prétexte !

« Rocketman » de Dexter Fletcher, avec Taron Egerton. Actuellement en salles.

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Milk

Avec ce biopic poignant, Gus Van Sant fait découvrir à toute une génération la vie et l’héritage de l’activiste de la cause homosexuelle, Harvey Milk. Ce film sublime, l’un des plus beaux films "formels" du cinéaste de Portland, est un monument rendant hommage au conseiller municipal ouvertement gay de la ville de San Francisco assassiné en 1978.

Le jeu sensible de Sean Penn vaudra au comédien un Oscar et au futur mari de Tom DaleyDustin Lance Black, l'Oscar du Meilleur Scénario. Quant à nous, on ne s'est jamais vraiment remis de la moustache de James Franco qui joue dans le film le boyfriend de Sean Penn... 

Bessie (2015)

La vie d’Adèle, Carol, Tipping the Velvet... des films sur des romances lesbiennes, il y en a quelques uns. Mais des biopics dédiés aux vies d'héroïnes homosexuelles, eux, ne sont pas légion. Pourtant de l'astronaute Sally Ride en passant par la présentatrice Ellen DeGeneres ou la tennis woman Billie Jean King, ce ne sont pas les idées qui manquent !

Bessie, le film de HBO consacré à la légendaire chanteuse de blues noire et bisexuelle, Bessie Smith (jouée par Queen Latifah) a le mérite de palier à ce manque de représentation en explorant notamment sa relation fusionnelle avec Lucille, le grand amour de sa vie. 

Boys Don’t Cry (1999)

Puisque le cinéma s'obstine à refuser aux personnes transgenres les rôles cisgenres, on aimerait au moins voir ces acteurs et actrices incarner leurs propres parcours à l’écran. Mais Hollywood a du mal à comprendre cette règle pourtant élémentaire. 

Si, malgré cette supplique, il nous fallait choisir un biopic, alors on opterait, plutôt que The Danish Girl, pour Boys don’t cry. L’histoire terrible Brandon Teena, violé et assassiné à Humboldt dans le Nebraska en 1993 après que deux hommes ont découvert qu'il était un garçon trans. Son meurtre atroce défraya la chronique dans les années 90.

Le film vaudra son premier Oscar à Hilary Swank (elle en obtiendra un autre, cinq ans plus tard, pour sa performance dans Million Dollar Baby de Clint Eastwood). En espérant que le ou la prochain.e acteur ou actrice à remporter une statuette pour ce type de rôle soit enfin concerné.e par la question de la transidentité...

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120 battements par minute

Avec ce film sorti en 2017, Robin Campillo tente le biopic d’un collectif. Certes, les personnages sont des composites mais ils s’inspirent de personnages qui ont irrigué l’association militante de lutte contre le sida (Didier Lestrade, Cleews Vellay…) On y retrouve la rage, la pulsion de vie, la conscience politique affutée mais aussi les dissensions qui animait l'organisation qui a choisi la colère comme posture de combat.

Le film fait magistralement (re)vivre les coups d'éclat et les débats en amphithéâtre qui faisaient le coeur battant d'Act-Up. Et au coté de la comédienne Adèle Haenel, le film impose une nouvelle génération d’acteurs et d'actrices français.es : Arnaud Valois, Nahuel Pérez Biscayart et Antoine Reinartz, Félix Maritaud ou Aloïse Sauvage.

Ni Dieux ni Démons (1998)

Que les amateurs des X-men et du Seigneur des Anneaux nous pardonnent, mais Gods and Monsters (son titre original) est, avec Bent, le plus beau rôle au cinéma de Sir Ian McKellen. Dans ce film signé Bill Condon, l’acteur britannique incarne le réalisateur et roi de l'horreur, James Whale à la fin de sa vie. 

Sous couvert d'une romance à sens unique entre un vieux cinéaste et son jardinier (campé par un Brendan Fraser beau à crever), le film est une réflexion sur le désir et la fin de la vie. Car sans ce film, qui aurait su que le créateur de La Fiancée de Frankenstein était queer ?

Bohemian Rhapsody (2018)

Ramasser la vie sulfureuse de Freddie Mercury en 2h15 était un défi ambitieux (pour ne pas écrire "casse-gueule"). Et les premières rumeurs annonçant que la maladie, le sida, du chanteur serait effacée du scénario avaient de quoi inquiéter. Mais au final, Bohemian Rhapsody est loin de la catastrophe annoncée.

Certes, le film souffre de quelques défauts : un humour potache, une représentation puritaine de la sexualité de Mercury (le film comporte ce qui reste sûrement comme la scène de backroom la plus chaste de l’histoire du cinéma)... Mais le départ du réalisateur Bryan Singer en plein milieu du tournage pour cause de scandales sexuels, ainsi que ses problèmes relationnels avec l'acteur principal, n'ont pas dû aider à la cohérence du projet.

A l'arrivée, le film est un hommage plutôt émouvant au créateur de Show Must Go On et We Will Rock You.  Surtout, il n'évite jamais le sujet de la maladie qui emporta le chanteur, en 1991. Il en fait même le coeur de son film. La musique de Queen et la performeuse remarquable de Rami Malek finissent de faire du film un sympathique blockbuster.

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 Behind the Candelabra, ma vie avec Liberace (2013)

En 2013, un peu menteur, Steven Soderbergh fait ses (faux) adieux au cinéma avec une épopée bouleversante pour HBO sur la vie de Władziu Valentino Liberace. Folle à piano qui ferait passer Elton John pour un moine franciscain, prince du kitch, à mi-chemin entre Richard Clayderman et Marie-Antoinette, Liberace était à la télévision ou sur les scènes de Las Vegas, l'attraction préférée des rombières américaines. Croyez-le ou non, il passa sa vie entière dans le placard avant de mourir du sida en 1987.

Adapté du livre de son amant, Scott Thorson, le film est une incroyable pièce-montée portée par des acteurs certes hétérosexuels excellents (Michael Douglas dans un de ses meilleurs rôles et Matt Damon, juste avant le gros coup de vieux). Un plaidoyer malin pour la liberté d'être qui l'on est.

Oscar Wilde (1997) 

Dans une récente interview au magazine TÊTU, Rupert Everett défendait son biopic crépusculaire d’Oscar Wilde. Mais nous avons choisi celui, plus de total, de Brian Gilbert, sorti en 1997. Cette fresque victorienne montre comment le poète et dramaturge irlandais, un temps porté aux nues par le tout-Londres, sera finalement détruit par un procès en homosexualité (ou plutôt pour grossière indécence, comme le décrivait le code pénal britannique). La société anglaise ne supportait pas que l'auteur du Portrait de Dorian Gray assume un peu trop ouvertement ses amours masculines.

Stephen Fry campe ici un Wilde déchirant, amoureux transi de son Lord Bosie (joué par un Jude Law au sommet de sa beauté) qui finira brisé par la honte et les travaux forcés.

Imitation Game (2014)

Comment l’Angleterre traite-t-elle ses héros de guerre lorsqu’ils sont homosexuels ? Par la prison et la castration chimique. C’est ce qu’on découvre avec ce film de Morten Tyldum consacré à la vie d'Alan Turing, génie des maths, pionnier de l’informatique et décodeur miraculeux du code secrets des nazis. Une prouesse qui donna un avantage majeur aux alliés dans la guerre contre le Troisième Reich.

Benedict Cumberbatch, impeccable en génie obsessionnel proche de son rôle dans la série Sherlock, illumine ce biopic un peu trop académique de sa présence. Dans le même style, plutôt formel, mais un peu moins chaste (Turing n’a pas une seule relation intime durant tout le film), on conseillera également le biopic sur le dessinateur Tom Of Finland.

crédit photo : Paramount