L'auteure de la saga Harry Potter, J. K. Rowling, est accusée de transphobie après un tweet. Celui-ci soutient Maya Forestater, une femme licenciée d'un think thank pour avoir publié des tweets transphobes.
Depuis hier, la twittosphère LGBT+ s'est embrasée. Des fans d'Harry Potter ont le cœur brisé, d'autres semblent lever les yeux au ciel sur le thème de : "On le savait déjà." Quoi qu'il en soit, ce tweet est bien réel. Jeudi 19 décembre, en début d'après-midi, Joanne Kathleen Rowling, mondialement connue sous le nom de J. K. Rowling, a écrit sur son compte Twitter : "Habillez-vous comme il vous plaît. Identifiez-vous comme vous le souhaitez. Couchez avec n'importe quel adulte consentant qui voudra de vous. Vivez votre meilleure vie en paix et en sécurité. Mais forcer des femmes à quitter leur emploi pour avoir dit que le sexe était réel ?" Et d'ajouter le hashtag #IStandWithMaya. Depuis, celle qui a donné vie à Harry Potter et son monde est accusé d'avoir soutenu une femme transphobe, voire d'être elle-même transphobe.
Dress however you please.
Call yourself whatever you like.
Sleep with any consenting adult whoâll have you.
Live your best life in peace and security.
But force women out of their jobs for stating that sex is real? #IStandWithMaya #ThisIsNotADrill— J.K. Rowling (@jk_rowling) December 19, 2019
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Une femme licenciée pour des tweets transphobes
Quel est le contexte ? Ce hashtag se réfère à Maya Forstater. La femme de 45 ans a été renvoyée de son emploi dans un think tank à Londres, le Center for Global Development, qui milite contre la pauvreté, après des tweets qualifiés de transphobes. Dans le cadre d'un débat concernant la loi britannique sur les droits de personnes transgenres, elle écrivait le 30 septembre 2018 : "Ce qui me surprend beaucoup, c'est que des personnes intelligentes que j'admire énormément, qui sont absolument pro-science dans d'autres domaines, qui défendent les droits humains et les droits des femmes, se contorsionnent pour éviter d'avoir à dire la vérité son laquelle les hommes ne peuvent pas se changer en femmes."
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Trans women are women.
Trans men are men.
Non-binary people are non-binary.CC: JK Rowling.
— Human Rights Campaign (@HRC) December 19, 2019
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Plus tôt le même mois, le 2 septembre 2018, elle tweetait : "Certaines personnes transgenres font de la chirurgie esthétique. Mais la plupart conservent leurs organes génitaux de naissance. L'égalité et la sécurité de chacun devraient être protégées, mais les femmes et les filles perdent en vie privée, en sécurité et en justice si des hommes sont acceptés dans leurs vestiaires, dortoirs, prisons, équipes sportives."
"TERF"
Des positions qui rappellent beaucoup celles des TERF ("trans-exclusionary radical feminist", en français "féministe radicale excluant les personnes transgenres"). Une expression inventée pour désigner des femmes qui se disent féministes tout en défendant l'idée transphobe selon laquelle les femmes transgenres ne seraient pas des femmes.
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Après avoir découvert ces tweets, le Center for Global Development a décidé de ne pas renouveler le contrat de Maya Forstater. Décision qu'elle a contestée au tribunal. Au terme d'un procès au cours duquel la femme a estimé qu'une femme transgenre, même reconnu par l'État, n'était pas une femme, le juge l'a déboutée jeudi 19 décembre en estimant que ses positions n'étaient "pas dignes de respect dans une position démocratique".
https://twitter.com/HausOfEdouard/status/1207691665525399552
Le message très émouvant d'un homme trans à JK Rowling, qui a défendu et approuvé un discours transphobe.
Je suis tellement déçue de cette autrice qui, au fur et à mesure des années, a entaché ce qu'elle défendait et a blessé une grande partie de celleux qui aimaient ses livres. https://t.co/eZpZhokmcx— CINÃMANIAQUE (@PalomaAmadei) December 20, 2019
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"Instrumentalisation"
La décision du tribunal a suscité une vague de soutien sur Twitter avec le hashtag #IStandWithMaya, qui a été utilisé par des milliers de personnes, dont... J. K. Rowling. La créatrice de la saga Harry Potter a ainsi été accusée par certaines internautes d'avoir, ces dernières années "[instrumentalisé] les questions LGBT+ pour servir sa stratégie commerciale". L'écrivaine avait déjà été accusée à plusieurs reprises d'une telle instrumentalisation, par exemple lorsqu'elle avait évoquée la relation de Dumbeldore et Grindewald.
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Si ce tweet de soutien de J. K. Rowling à Maya Forstater a généré beaucoup de colère, il semble aussi avoir brisé le cœur de certains. Un homme transgenre fan d'Harry Potter a ainsi publié un long thread qui se termine ainsi : "À Poudlard, la première nuit, les escaliers qui mènent aux dortoirs des filles disparaîtrons et je tomberai. Un préfet me dira d'aller dans la chambre des garçons. Le château peut sentir mon poids, tout mon poids, et il se déplace pour m'accueillir, dans mon entièreté, et me dit : bienvenue."
Crédit photo : Executive Office of the President / Wikimedia Commons