États-UnisPete Buttigieg renonce à la course aux primaires démocrates pour l'élection présidentielle

Par Romain Burrel le 02/03/2020
Pete Buttigieg

Il aura été le candidat ouvertement homosexuel d'envergure à se jeter dans la course à la présidentielle américaine. Pete Buttigieg vient d'annoncer qu'il se retire des primaires démocrates.

Surprise chez les démocrates américains. Pete Buttigieg vient d'annoncer ce dimanche 1er mars qu’il se renonçait à la course à l’élection présidentielle américaine en se retirant des primaires démocrates.

Sa campagne avait pourtant bien démarrée. L'ex-maire de South Bend, âgé de 38 ans —trois ans de plus que l’âge minimum pour être président — avait remporté de bons résultats lors des scrutins de l’Iowa et du New Hampshire avant de s'écrouler dans le Nevada et en Caroline du Sud, terminant à la quatrième place. Loin derrière Joe Biden et Bernie Sanders. Des scores qui ont convaincu le jeune candidat ouvertement homosexuel de jeter l'éponge.

"Le chemin s'est refermé"

Accompagné de son mari, Chasten, très ému, le candidat a annoncé dans la soirée qu’il se retirait des primaires "dans l’intérêt du parti", estimant que son « chemin » vers la nomination démocrate s’était « refermé » après ses derniers résultats. « Nous devons donc reconnaître qu’à ce stade de la course, la meilleure façon de rester fidèle à ces objectifs et de se retirer et d’aider à rassembler notre parti et notre pays », a-t-il déclaré devant ses partisans.

« Nous avons la responsabilité d’envisager l’impact qu’aurait le fait de rester en lice plus longtemps », a expliqué Buttigieg. Une allusion directe à la dispersion des voix entre plusieurs candidats modérés face à l’irrésistible ascension du sénateur Bernie Sanders, nettement plus à gauche.

Au début des primaires, « Mayor Pete » avait créé la surprise. « Nous avons marqué l’histoire en remportant les caucus de l’Iowa. » Malgré les fiascos des organisateurs, le candidat avait remporté haut la main l'élection dans cet Etat, juste devant le sénateur Bernie Sanders.

Une bonne nouvelle pour Biden

Ce retrait intervient deux jours avant la primaire géante du "Super Tuesday" durant laquelle 14 Etats voteront. C'est une bonne nouvelle pour Joe Biden. Auréolé par sa large victoire, ce samedi à la primaire en Caroline du Sud, l'ancien vice-président de Barack Obama, devrait récolter les fruits de ce désistement.

C'est aussi ce que pense Donald Trump. L'actuel président des Etats-Unis suit la campagne démocrate de très près. A l'annonce du désistement de Buttigieg, il s'est fendu d'un tweet où il analysait que "Toutes ses voix du Super Tuesday vont aller à Joe-Biden, l’Endormi".

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1234263037110083587

Désormais favori, mais jugé "trop à gauche" par bons nombres de cadres du parti démocrate, Bernie Sanders est désormais l'homme à arrêter. Pete Buttigieg s’était quant à lui positionné comme un candidat modéré, mettant en garde contre les excès de l’aile gauche du parti, incarnée par le candidat socialiste. Il l’avait remporté de justesse dans l’Iowa face au sénateur du Vermont et était arrivé deuxième dans le New Hampshire. Une excellente performance pour celui qui était encore inconnu du grand public il y a deux an.

Un symbole important

Si la course à la Maison Blanche est terminée pour Buttigieg, sa candidature restera comme un symbole important pour la visibilité et la représentation des personnes LGBT+ et même "un incroyable encouragement pour toute la communauté LGBTQ à travers le monde" comme le souligne l'ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis Gérard Araud.

Gay, chrétien et vétéran de la guerre en Afghanistan, le démocrate apparaissait régulièrement sur scène lors de ses meetings avec son mari Chasten. N'hésitant pas à l'embrasser ou à lui tenir la main devant les photographes et les caméras.

A LIRE AUSSI >>>> Cette phrase de Pete Buttigieg sur une « pilule » qui rendrait hétéro fait polémique

"Si vous m’aviez donné une pilule pour devenir hétéro, je l’aurais avalée avant même le verre d’eau”, avait-il confié l’an dernier et répété en début de semaine en expliquant que le chemin vers l’acceptation de son orientation sexuelle avait été difficile. Mais qu’il ne changerait pour rien au monde depuis qu’il a fait son coming out en 2015, avant d’être réélu maire et sa rencontre, via une application de rencontre (Hinge), avec  Chasten Glezman, qui prendra son nom de famille après leur mariage en 2018.

Devant un groupe de supporters rassemblé à South Bend, le mari de Pete Buttigieg a déclaré les yeux pleins de larmes : "Après être tombé amoureux de Pete, Pete m'a appris à croire en moi à nouveau. Et j'ai dit à Pete de se présenter car je savais qu'il y avait d'autres gamins dans le pays qui avaient besoin de croire en eux aussi en eux." Une déclaration saluée par des applaudissements nourris du public.

A LIRE AUSSI >>>> Un petit garçon demande à Pete Buttigieg de l’aider à faire son coming out

La défiance de l'électorat LGBT+

Mais au delà du symbole, "Pete le centriste" n'est pas parvenu à convaincre l’électorat LGBT+ du parti démocrate. Pendant le scrutin de l’Iowa, le premier de la primaire, le 3 février, Pete Buttigieg n’avait recueilli les voix que de 22 % des votants LGBT+, contre 42 % pour Bernie Sanders, son principal adversaire, et 24 % pour Elizabeth Warren. Pas plus qu'il n'aura réussi à élargir son électorat, très blanc, aux minorités ethniques. Les votes des communautés latino-américaine dans le Nevada et des afro-américaine en Caroline du Sud, lui ont clairement fait défaut. La primaire démocrate continue et s'avance de plus en plus clairement vers un duel Biden-Sanders.