LGBTphobieCoronavirus : les assos de lutte contre les LGBTphobies doivent aussi s'adapter

Par Timothée de Rauglaudre le 17/03/2020
coronavirus

Les associations de lutte contre les LGBTphobies n'ont pas attendu le confinement obligatoire annoncé lundi pour s'organiser. Alors que SOS homophobie a dû suspendre sa ligne d'écoute, Le Refuge renforce au contraire son dispositif.

Confinement rime avec isolement, et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les jeunes LGBT+. Alors que le confinement quasi total de la population française est entré en vigueur ce mardi 17 mars à midi, dans le but de ralentir la progression de la pandémie mondiale de Covid-19, dite coronavirus, les associations de lutte contre les LGBTphobies n'ont pas attendu les nouvelles annonces du président Emmanuel Macron pour s'organiser en conséquence. Dès lundi, SOS homophobie a pris la décision de suspendre sa ligne d'écoute, qui reçoit habituellement quatre ou cinq appels par jour en moyenne.

"On en discute depuis que les premières mesures ont été prises, explique à TÊTU Jeremy Faledam, coprésident de l'association. Notre ligne d'écoute, c'est un local spécifique dans lequel se rendent les écoutants et écoutantes. Avec les mesures actuelles, c'est devenu beaucoup plus compliqué. Le lieu en question est fermé. Les écoutants et écoutantes étant tenus de limiter leurs déplacements, on a préféré fermer la ligne d'écoute."

Au Refuge, un dispositif renforcé

Vers qui les victimes de LGBTphobies peuvent-elles alors se tourner ? "On est bien conscients que les autres médiums ne peuvent pas remplacer la ligne d'écoute en tant que tel", reconnaît Jeremy Fadelam. Mais, rassure-t-il, l'écoute va pouvoir se reporter en partie sur deux autres dispositifs mis en place par l'association : le chat'écoute et le courriel. "Le chat est habituellement ouvert tous les jeudis et dimanches, on est en train d'essayer d'organiser le fait que les créneaux soient étendus."

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De son côté, Le Refuge n'est pas tout à fait confronté à la même problématique. Sa ligne d'écoute n'ayant pas de local dédié, "ça ne pose pas de souci du point de vue logistique", indique à TÊTU Nicolas Noguier, président de l'association qui s'est spécialisée dans l'accueil et l'accompagnement de jeunes victimes de LGBTphobies. La salariée qui coordonne le dispositif fonctionne déjà, en temps normal, en télétravail. Aux vingt bénévoles qui se relaient 24 heures sur 24 heures pour répondre à la ligne d'écoute s'ajoutent une dizaine de nouveaux écoutants. "On a clairement renforcé le dispositif d'écoute."

"Mission d'assistance"

Quant aux antennes de l'association - qui a acquis samedi dernier le statut de fondation reconnue d'utilité publique -, réparties sur le territoire national, elles avaient déjà été partiellement fermées. Il faut dire que, parmi les 246 jeunes hébergés ou accompagnés par Le Refuge, l'un d'eux a été diagnostiqué positif au Covid-19 et placé en isolement. Lundi soir, "l'accueil inconditionnel du public" a été fermé partout. Les locaux ne sont désormais plus ouverts que "sur rendez-vous".

https://twitter.com/lerefuge/status/1239922984913113090

Les activités de l'association correspondant aux "missions d'assistance" qui bénéficient d'une exception par rapport aux mesures de confinement, les jeunes, tant qu'ils ont une attestation sur eux, peuvent fixer des rendez-vous individuels pour être accompagné ou subvenir à leurs "besoins alimentaires". Pour assurer la "continuité de service", les 60 bénévoles et 15 travailleurs sociaux salariés du Refuge restent mobilisés.

Crainte d'une hausse des besoins

Pas question pour l'association de fermer ses portes, d'autant plus que Nicolas Noguier craint une hausse des besoins : "Comme les jeunes sont, comme tout le monde, confinés à leur domicile, le lien social se fait surtout par l'écoute. [...] Les jeunes homos qui sont dans des familles dont les parents ne sont pas au courant et qui craignent d'en parler ne peuvent plus sortir voir leurs amis pour se confier."

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Jeremy Faledam, coprésident de SOS homophobie, pointe, lui, un autre risque consubstantiel au confinement obligatoire : "On a beaucoup de problèmes de voisinage dans les appels qu'on reçoit, ça revient assez régulièrement. Le confinement peut engendrer de nouveaux problèmes et en accentuer d'autres. Ce sont des choses qu'il faut avoir en tête. On est évidemment impactés, malheureusement ça va se ressentir sur notre travail. Tous les pans de la société sont également impactés."

 

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