Pour ne pas vivre cette période seuls, Victor et Guénaël ont décidé de se confiner ensemble dans un studio de 30 m². Et ce, après seulement quelques semaines de relation. Alors, ça passe ou... ça casse ?
Le soleil entre légèrement dans le studio du rez-de-chaussée. Là, dans un décor aux murs en brique Victor, 23 ans et Guénaël, 25 ans racontent leur histoire naissance. Le regard complice, le mot tendre, leurs mains se cherchent sous la table. Ensemble depuis le mois de décembre, ils ont décidé de se confiner ensemble. “On s’est rencontré lors d’une soirée chez un ami commun”, murmure Victor. Et depuis, ils ne se quittent plus. Chez l’un, chez l’autre, mais souvent ensemble. Des lunettes visées sur le nez et un regard plongé dans les yeux de Guénaël, Victor continue son récit. Ces premiers rendez-vous à deux, la complicité nouvelle et l’idée du confinement qui commence à se dessiner.
“Victor était chez moi, à ce moment-là, parce que mon appartement était plus proche de son travail”, ajoute Guénaël “et moi, j’étais en déplacement”. Ils en discutent à peine. Juste le temps pour Victor d’aller récupérer des affaires chez lui, et les voilà tous les deux installés dans le studio de 30 m² de Guénaël. “Il n’aime pas mon appartement, souligne Victor taquin. Et puis son appartement est un tout petit peu plus grand que le mien”. “C’est surtout que tu n’as pas de télé”, répond Guénaël amusé.
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"Ça passe ou ça casse"
Et depuis la mi-mars, ils habitent ensemble. Une grande première pour ces deux amoureux. Car ni Victor, ni Guénaël n’avait emménagé avec une tierce personne, “sauf en coloc. Mais bon, c’est vrai que ce n’est pas tout à fait la même chose”. Les voilà donc confinés à deux, dans ce studio en rez-de-chaussée qui manque de lumière. “Vivre ensemble aussi vite, c’est un accélérateur de vérité”, lâche Victor. “Soit ça passe, soit ça casse. Et puis on s’est dit au pire ça ne fonctionne pas, je rentre chez moi”. “Notre histoire commence à peine, reprend Guénaël. Ne pas se voir pendant une période indéterminée aurait pu être compliqué pour nous, mais aussi pour notre couple”.
Dès lors, il a fallu s’organiser. Un tiroir s’est libéré dans la penderie. Un ordinateur a été calé sous l’escalier de la mezzanine. Et une présence complice a pris possession des lieux. “C’est beau, c’est tendre et on s’est rendu compte en un mois de confinement dans un studio que nous arrivions très bien à vivre ensemble, explique Victor, une main dans les cheveux de son homme. On ne s’est pas disputé une seule fois et oui, tout se passe très bien”.
Confcall dans la baignoire
Lui est en stage de fin d’étude dans une banque d’affaires. En télétravail du matin au soir, dans ce studio qui sert de lieu de vie et d’open-space. De son côté, Guénaël travaille dans le milieu de la santé. En télétravail lui aussi, mais seulement jusqu’à 14 h. “L’après-midi, je joue aux jeux vidéo, je fais du sport… Je m’occupe”. “Ce qui a tendance à alimenter ma jalousie", ajoute Victor.
Seul hic : quand ils se retrouvent tous les deux à devoir appeler pour le travail en même temps. “ Le studio n’est pas très grand… Du coup, je m’installe dans la salle de bains, l’ordinateur portable sur les genoux, explique Guénaël dans un rire. Pour l’instant, nous n’avons pas été dans le cas où nous devions être en même temps en visio. Et heureusement, parce que dans la salle de bains, ça pourrait être étrange”.
Riz-au-lait sous tension
Le reste du temps, ils ne se quittent plus. Pour aller faire les courses, préparer le repas ou regarder une série ensemble. “Après, pour la cuisine, c’est clairement Victor qui s’en occupe parce que je n’ai aucune connaissance dans ce domaine, se défend Guénaël. Mais, pour compenser, je m’occupe de la vaisselle”. Victor lui est végétarien, pas Guénaël. Ce qui aurait pu, là aussi, créer des tensions. Mais là encore, la compréhension et l’écoute ont pris la place sur les différences. “Je lui fais sa viande, à part, et on mange ensemble. Tout simplement”. Pour trouver un moment de mésentente, ces deux barbus ont dû chercher loin. “Je ne sais pas trop si on peut en parler, parce que Guénaël ne veut pas trop en parler. C’est encore douloureux pour lui”, lâche Victor, le sourire aux lèvres, le regard coquin.
C’était une matinée. Occupé avec un appel téléphonique, Victor demande à son homme de surveiller sur le lait sur le feu. “Et je lui dis bien qu’en une seconde le lait qui bout déborde et mousse”. Mais la tête ailleurs et pas convaincu par l’explication de son homme, Guénaël se laisse distraire le temps d’une seconde. Le lait s'est donc répandu sur les plaques, gâchant toutes les chances de Victor d'obtenir un bon riz-au-lait pour le goûter.
Emménager ensemble
A cette complicité, j’ajoute une certaine sérénité. “Être confiné ensemble nous permet aussi d’avoir des interactions sociales”, admet Victor. “Il y a quelques jours, on a croisé un ami à nous dans un magasin alimentaire et lui nous a expliqué que nous étions les seuls qu’ils avaient vus en trois semaines”. Sans se quitter du regard, ils décrivent la chance de s’être trouvés avant les liens forts qui se sont formés au fil des semaines ensemble et la beauté de ces moments où ils apprennent à se découvrir. “A aucun moment, je ne regrette ce choix”, souligne Guénaël. “On est juste bien, juste heureux”, ajoute Victor.
Quant à la suite, les deux amoureux envisagent maintenant de prendre un appartement ensemble. Le temps pour Victor de finir son stage de fin d’études et de signer un CDI. “Et puis on cherchera un endroit plus grand et moins humide aussi”, souligne Guénaël. Un appartement aussi où aucun des deux n’aura besoin de s’exiler dans la salle de bains pour recevoir un appel professionnel. “Et surtout avec de la lumière !” lâche Victor. En attendant, Guénaël continuera de faire ses pompes, non loin de l’ordinateur sur lequel Victor télétravaille.
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