EuropeLa Commission européenne demande des explications à la Pologne sur les "zones sans LGBT"

Par Timothée de Rauglaudre le 03/06/2020
zones sans lgbt

Dans une lettre adressée à cinq voïvodies polonaises, la Commission européenne demande des explications sur les "zones sans LGBT", au regard des fonds européens alloués à ces collectivités.

Cette lettre pourrait être "révolutionnaire", d'après OKO.press. Comme le rapporte le média d'investigation polonais dans un article publié mardi 2 juin, la Commission européenne a adressé une lettre aux exécutifs de cinq voïvodies (équivalents de nos régions) polonaises : celles de Lublin, de Łódź, de Petite-Pologne, des Basses-Carpates et de Sainte-Croix. "Nous aimerions vous informer que ces derniers mois la Commission a reçu plusieurs plaintes concernant une rhétorique grandissante anti-communauté LGBT en Pologne", peut-on lire dans cette lettre signée de Marc Lemaître, directeur général de la politique régionale et urbaine, et Joost Korte, directeur général des affaires sociales à la Commission européenne.

https://twitter.com/Pierre_Ka/status/1268101360387534850

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Depuis début 2019, comme le racontait TÊTU en février, au moins 88 localités polonaises ont adopté des résolutions qualifiées à l’étranger de "zones sans LGBT". Il s’agit de communes, de districts (équivalent des départements français) et de voïvodies dans lesquelles des services privés peuvent par exemple être refusés à des personnes LGBT+ pour des motifs religieux. Fin décembre 2019, le Parlement européen adoptait à 463 voix pour, 107 contre et 105 abstentions une résolution condamnant ces "zones sans LGBT", et demandant à la Commission européenne de s'assurer que des fonds européens ne financent pas ces dispositifs. Certaines communes ou régions françaises ont par ailleurs suspendu leur jumelage ou partenariat avec les collectivités polonaises concernées en signe de protestation.

"Valeurs fondamentales"

La Commission écrit ainsi : "La dernière plainte citoyenne se réfère directement au fait que plusieurs autorités régionales et locales ont adopté des communiqués, déclarations ou résolutions contre les personnes LGBT, alors que dans le même temps elles utilisent des fonds de l'Union européenne et que ces actions ont pour conséquence la peur des citoyens d'être discriminés par ces autorités, d'être agressés par leurs concitoyens ou de perde leur emploi."

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Comme le rappelle la lettre, l'allocation de ces fonds est conditionnée au respect des "valeurs fondamentales" de l'Union européenne : "La Commission aimerait recevoir votre clarification et votre évaluation du risque de discrimination en raison de l'orientation sexuelle ou l'identité de genre dans l'accès aux projets cofinancés par les fonds structurels européens dans votre région. Parallèlement, la Commission s'attend en réponse à cette lettre à ce que des mesures pour promouvoir l'égalité et la non-discrmination en raison de l'orientation sexuelle dans les projets financés par l'Union européenne soient renforcées par vos services, et nous vous serions reconnaissants ne nous confirmer les actions mises en place."

 

Crédit photo : Corentin Béchade/Wikimedia Commons