DisneySelon GLAAD, la visibilité LGBT+ au cinéma américain profite surtout aux hommes gays blancs

Par Romain Burrel le 17/07/2020
GLAAD

L'organisation américaine GLAAD vient de publier son huitième rapport sur la visibilité des personnages LGBT+ dans les films produits par les grands studios américains. Si les hommes gays représentent l'écrasante majorité de ces rôles, les personnages queers racisées ou trans sont les grands absents des histoires portées à l'écran.

A Hollywood, la représentation des personnes LGBT+ est monitorée avec précision. Chaque année, l'organisation américaine GLAAD publie un rapport sur la visibilité des personnages LGBT+ dans la production cinéma des majors américaines.

Elle vient de rendre public, ce jeudi 16 juillet, la 8e édition de son "Studio Responsibility Index". Le rapport montre une représentation toujours en hausse des personnes d'hommes homosexuels. Mais les rôles de lesbiennes, bisexuel.le.s ou de personnes transgenres sont bien moins nombreux. Tout comme ceux de personnages queers racisés ou en situation de handicap.

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Les hommes gays en force

Pour établir son rapport de 53 pages, GLAAD a analysé les représentations de 118 films produits par les 8 plus gros studios américains : Lionsgate, Paramount Pictures, Sony Pictures, STX Films, United Artists Releasing, Universal Pictures, Walt Disney Studios ainsi que la Warner Bros.

Sur ces 118 films, seuls 22 (c'est-à-dire 18,6%) incluent des personnages LGBT+. Parmi eux, des films comme Anna, Rocketman, À deux mètres de toi, Judy ou encore Last Christmas. En 2019, la représentation des personnages queers est en légère hausse comparée à l'année précédente (18,2% en 2018).

Sur ces 22 longs-métrages, 15 mettent en scène des personnages d'hommes gays, soit 68% de la production contre 55% en 2018. Seuls 8 films incluent des personnages de lesbiennes (36%) et seulement 3 des personnages bisexuels (soit 14 %).

Zéro personnage trans

L'un des gros point noir concerne la représentation des personnes trans. En 2019, aucun film de majors ne mettait en scène de rôles trans ou non-binaire. C'est la troisième année consécutive que les personnes trans sont ainsi totalement invisibilisées de la production cinématographique mainstream.

GLAAD brosse également un tableau sombre de la représentation des personnages queer racisés sur l'année 2019. Seuls 17 personnages répondant à ces critères sont présents à l'écran sur un total de 50 personnages. Ainsi ils ne représentent que 34% des rôles queers présents au cinéma. Une chute de 42 % comparé à 2018.

L'organisation américaine plaide pour qu'au moins la moitié des personnages LGBT+ soient racisés d'ici deux ans. «Le cinéma a le pouvoir d'éduquer, d'éclairer et de divertir le public du monde entier. Et dans le climat politique et culturel actuel, nous devons donner la priorité aux histoires LGBT+ ainsi qu'aux histoires de toutes les personnes marginalisées», a insisté la présidente de GLAAD, Sarah Kate Ellis.

«Si les studios de cinéma veulent rester pertinents auprès du public d'aujourd'hui et rivaliser dans une industrie qui met l'accent sur la diversité et l'inclusion, alors ils doivent de toute urgence inverser la tendance à baisse de la représentation des femmes LGBT +, des personnes racisées, et remédier à l'absence totale de personnages trans. " poursuit Ellis.

Un "Bechdel test" queer

Le rapport, très détaillé, montre également que le temps accordé aux personnages queers varient énormément d'un film à l'autre. Seuls 9 des 22 fameux films leur accordent plus de 10 minutes de présence devant la caméra tandis que 28 des 50 personnages queers apparaissent moins de 3 minutes à l'écran. Quant aux autres, mieux vaut ne pas cligner des yeux, puisqu'ils sont présents moins d'une minute à l'écran. Des rôles si insignifiants que la plupart n'ont même pas de nom.

Enfin, le rapport passe les films au fameux test "Vito Russo", l'équivalent queer du "Bechdel Test", qui permet d'apprécier la qualité de représentation des rôles LGBT+.

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 Crédit image: Paramount