gouvernementLe gouvernement au complet, mais flou sur les questions LGBT+

Par Nicolas Scheffer le 28/07/2020
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Parmi les nouveaux secrétaires d'État, la nomination de Nathalie Elimas, une ex-anti-Mariage pour tous, fait bondir les internautes. Et les associations déplorent l'absence de la lutte contre les discriminations dans un portefeuille ministériel...

Il aura fallu 20 jours pour que le gouvernement soit complet. Dimanche 26 juillet, l'Élysée a annoncé l'arrivée de 11 secrétaires d'État qui complèteront l'exécutif. Parmi ses membres, peu sont à la pointe sur les questions LGBT+, quand d'autres sont versatiles à propos de l'avancée des droits. En 2012, la nouvelle secrétaire d'État à l'Éducation prioritaire, Nathalie Elimas, s'était prononcée contre la possibilité à tous les couples de se marier. C'est donc la cinquième membre du gouvernement à s'être prononcée contre le Mariage pour tous.

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La députée du Val d'Oise écrivait dans un tweet "mariage homosexuel : union OUI mariage NON, c'est une question de symbole. On est en train de déchirer quelque chose de précieux". Une position qui a fait bondir les défenseurs de la cause LGBTQI+, qui était toutefois - à l'époque - en accord avec le reste de son groupe, le MoDem.

Nathalie Elimas est  considérée comme une spécialiste de la famille. Au Premier ministre, elle fait remarquer, début juillet que "la mission d’information sur l’adaptation de la politique familiale française aux défis de la société du XXIe siècle dont je suis rapporteure a rendu son rapport la semaine dernière. (…) Il est largement soutenu sur tous les bancs mais également dans les territoires par les Français et les associations familiales". Parmi 40 propositions, elle appelle à une réforme des allocations familiales qui soient distribuées dès le premier enfant, explique-t-elle dans La Croix.

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Mais surtout, le rapport fait mention du "progrès indéniable qu'a constitué l'ouverture du mariage de couples de même sexe" et des difficultés pour les homoparents à accéder à l'adoption. Le rapport se félicite de l'ouverture de la PMA à toute les femmes, qui entre en seconde lecture à l'Assemblée nationale. Nathalie Elimas pourrait peut-être convaincre Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Outre-mer), Bruno Le Maire (Économie) et Jean-Baptiste Lemoyne (Tourisme) qui s'étaient, eux aussi, opposé au Mariage pour tous.

Le flou sur les discrimination

Mais la question fondamentale, c'est de savoir qui au sein du gouvernement est en charge des discriminations ? Jusqu'au remaniement, l'intitulé du poste de Marlène Schiappa mentionnait en effet la "lutte contre les discrimination" mais celui de sa successeure, Élisabeth Moreno ne comporte pas cette attribution. Les associations attendaient beaucoup de l'annonce des secrétaires d'État et espéraient que quelqu'un soit nommé exclusivement sur les sujets de discriminations.

"La liste des secrétaires d’État est enfin connue. Personne n’est nommé à la lutte contre les discriminations qui est donc définitivement portée disparu des portefeuilles gouvernementaux. Un choix politique qui en dit long sur les orientations de l’exécutif", écrit Lennie Nicollet, le président de l'association HES, qui lutte justement contre les discriminations. "la lutte contre les discriminations n’est n’est ni une priorité ni même une politique de ce gouvernement parmi d’autres", poursuit-il. Sos Homophobie "espère que la ministre Élisabeth Moreno s'engagera à résoudre ces problématiques".

Le cabinet de la ministre déléguée est formel. "L'égalité femme/homme, ça inclut les discriminations que subissent les LGBT+", souffle-t-on à TÊTU. Il reste que depuis sa prise de fonction, la ministre ne s'est pas exprimée publiquement sur les sujets LGBT+, malgré un entretien fleuve accordé au Parisien. La ministre s'est toutefois déplacée en catimini, samedi dernier, au Refuge, une association de protection des jeunes LGBT+. Avec pour seul commentaire, un message posté sur Twitter : "Partout sur notre territoire, la jeunesse LGBT+ doit se sentir libre et en sécurité !".

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