spectacleAvec le Marché Drag & Queer, un eldorado pour drag-queens débarque à Paris

Par Florian Ques le 26/08/2020
marché

Pour la toute première fois, un marché à destination d'un public drag et queer se tiendra dans la capitale le 13 septembre 2020. TÊTU en a parlé avec sa cofondatrice Ghost Elektra.

Le drag, c'est du travail, du temps... mais aussi beaucoup d'argent. Costumes, chaussures, accessoires, perruques... La liste de fournitures est longue et il faut renouveler ses looks souvent pour ne pas lasser son public. Pour tenter de remédier à ce problème et donner de l'inspiration aux queens et de la visibilité à de jeunes créateurs, une drag-queen a eu une idée : le 13 septembre prochain à Paris, Ghost Elektra inaugurera la première édition du Marché Drag & Queer.

Influences fetish

Organisé au Petit Bain dans le 13ème arrondissement, cet événement inclusif s'apparentera à un repaire inratable pour les artistes drags, débutants comme confirmés. En plus d'une vingtaine d'exposants professionnels aptes à fournir les visiteurs en make-up et autres faux ongles, certains particuliers pourront s'adonner à un vide-dressing haut en couleurs. La drag-queen française Ghost Elektra est à l'initiative de ce projet audacieux et reconnaît s'être inspirée du Kinky Christmas Market, un énorme marché fetish berlinois, pour mettre sur pieds le Marché Drag & Queer.

"J'y ai fait un spectacle l'année dernière et je me suis dit que c'était un super concept, nous explique-t-elle au bout du fil. Je me suis alors demandé pourquoi on n'appliquait pas ça aux drag-queens. Il y a plein d'artistes drag qui finissent par vendre leurs robes ou leurs perruques sur Internet ou en les postant sur Instagram. Et il y a aussi des créateurs qui vendent des bijoux, des costumes. Je me suis dit qu'il fallait mettre en lumière ces créateurs ainsi que les performeurs afin qu'ils puissent proposer leurs biens et leurs services". Le marché devient donc une passerelle encore jamais vue.

Plus qu'un marché

Mais plus qu'un lieu d'échanges matériels, le Marché Drag & Queer s'imposera comme un espace d'expression artistique. Des drag shows sont d'ores et déjà programmés avec la présence de plusieurs artistes francophones dont Tweedy Peeve, sacrée grande gagnante du Drag Contest virtuel. Une scène ouverte réservée aux artistes en herbe est également prévue. "Tous les performeurs sont bénévoles, précise Ghost Elektra. C'est un moyen de mettre en avant autant les artisans que les artistes. On en profitera pour parler politique puisqu'on aura aussi des tables rondes où seront abordés des sujets relativement légers comme d'autres plus épineux".

Avec le Marché Drag & Queer, un eldorado pour drag-queens débarque à Paris
Crédit photo : Forensics

En effet, plusieurs débats bien ancrés dans l'actualité sont annoncés. Et notamment une table ronde sur la place des personnes racisées dans le drag. "C'est un des sujets les plus discutés dans le milieu en ce moment, confie Ghost Elektra. Quand tu regardes les queens qui ont été dans le top 3 de RuPaul's Drag Race, les queens noires sont celles qui sont le moins suivies sur Instagram, qui sont le moins bookées, qui sont le moins payées. C'est un racisme systémique qui touche le milieu du drag et il est nécessaire d'en parler. C'est un événement inédit et gratuit donc on espère rassembler énormément de monde avec qui aborder ces sujets-là".

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Un collectif engagé

Lenny Cartwright à l'état civil, Ghost Elektra baigne dans l'univers queer depuis plusieurs années. "J'ai toujours traîné un petit peu dans le make-up et dans le drag, confie-t-elle, évoquant des pans de vie à San Francisco comme à New York. Quand je me suis réinstallée à Paris, j'ai créé le personnage de Ghost Elektra un peu par hasard". Active depuis environ quatre ans, la drag-queen se reconnaît un style inspiré des récits de science-fiction à la Matrix ou Blade Runner, mélangeant des tendances mode des années 80 avec des matières très fetish comme le cuir et le latex.

"Je n'arrivais pas à trouver ma place au sein de la scène parisienne et c'est pour ça qu'on a décidé de créer la Tech Noire avec mon copain", continue la drag-queen. Au vu du succès rencontré par cette soirée mélangeant esthétique drag et univers techno-goth, Ghost Elektra a commencé à voir les choses en grand. C'est ainsi qu'est né Forensics, un collectif LGBT+ franco-allemand en charge d'organiser des événements divers pour la communauté, aussi bien des concerts que des rassemblements tels que... le Marché Drag & Queer.

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"On tient vraiment à donner de la visibilité aux drag-queens et aux personnes queers en général", souligne-t-elle. Par ailleurs, un panel intitulé "Débuter dans le drag" est dans les tuyaux. Désormais bien implantée dans le milieu drag francophone, Ghost Elektra remarque un flot de "baby queens" depuis quelque temps mais appelle à un retour aux sources. "C'est génial car ça donne un rayonnement à cet art mais j'ai la sensation que l'art du drag perd de son essence politique et activiste, déplore-t-elle. Mais c'est quelque chose dont on compte parler".

La première édition du Marché Drag & Queer aura lieu de 12h à 22h le 13 septembre 2020 au Petit Bain, à Paris. Pour plus d'infos, ça se passe par ici.

Crédit photo : Ghost Elektra