L'écrivaine a été jugée illégitime d'écrire des récits queers par de nombreux internautes. C'est pourquoi elle a fait, un peu à contre-cœur, son coming out médiatique.
L'univers de Love, Simon devient encore plus queer. En effet, l'autrice du roman originel Simon vs. the Homo Sapiens Agenda – adapté au cinéma en 2018 – vient de faire son coming out. C'est grâce à un long texte sur la plateforme Medium que Becky Albertalli s'est exprimée sur sa bisexualité. Mais elle ne l'a pas fait totalement de bon cœur, puisqu'elle est avant tout sortie du placard dans le but de mettre un terme aux attaques et autres spéculations au sujet de son orientation amoureuse sur les réseaux sociaux.
Coming out bisexuel
À maintes reprises, l'écrivaine de 37 ans s'est retrouvée sous le feu de critiques. Comme elle l'indique au gré de son texte, Becky Albertalli était fréquemment décrite comme "une femme hétéro écrivant des livres queers merdiques pour les hétéros, profitant de communautés avec lesquelles elle n'avait aucun lien". Lassée d'être discréditée, elle a ainsi fait son coming out, détaillant la manière progressive dont elle a pris conscience de sa bisexualité.
Tout en évoquant sa jeunesse au sein d'une banlieue conservatrice dans les années 80 et 90, l'autrice déplore le manque de représentation à l'époque. "Je ne pense pas avoir rencontré de personne ouvertement bi avant la fac, avance-t-elle. Et même là, ma compréhension de la bisexualité en tant que concept ne corrélait pas avec la vision que je m'en fais aujourd'hui. D'une part, l'idée de fluidité sexuelle n'était même pas envisageable". C'est en signant Leah on the Offbeat, son roman dérivé de Simon vs. the Homo Sapiens Agenda et centré sur une jeune femme découvrant sa bisexualité, qu'elle a remis en question sa propre orientation.
Une sérieuse problématique
Bien que le plus dur soit désormais derrière elle, Becky Albertalli souligne qu'elle aurait aimé sortir du placard selon son propre agenda, et dans un contexte plus positif. "Permettez-moi d'être claire : ce n'est pas comme ça que je voulais faire mon coming out, écrit-elle. Ça ne me procure pas du bien ou ça ne me fait pas me sentir forte ou en sécurité. Honnêtement, je fais ça parce que j'ai été pointée du doigt, moquée, sermonnée et jugée illégitime chaque jour pendant des années, et je suis épuisée. Et si vous pensez que je suis la seule autrice queer à être dans le placard ou à moitié dans le placard à ressentir cette pression, alors c'est que vous n'avez pas prêté attention".
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Ce coming out forcé fait écho à celui de Jameela Jamil. Plus tôt cette année, l'animatrice et actrice britannique avait été contrainte de faire son coming out bi pour justifier sa position de juge dans la compétition de voguing Legendary. Doit-on exiger des créateurs et créatrices de contenus queers qu'iels soient ouvertement out pour légitimer leurs œuvres ? C'est la question.
Crédit photos : 20th Century Fox / Becky Albertalli via Instagram