L'académie d'Aix-Marseille a donné son accord pour que la maîtresse de Lilie abandonne le prénom assigné à la naissance de Lilie. Une victoire pour la petite fille et sa famille.
Lorsque la maîtresse fait l'appel dans sa classe, elle demande désormais à Lilie si elle est présente sans utiliser son deadname, le prénom qui lui a été assigné à la naissance. Depuis le jeudi 10 septembre, cette petite école du Vaucluse reconnaît que Lilie est une fille. Il aura fallu plusieurs semaines de discussions entre l'équipe pédagogique et les parents de Lilie. Fin août, une réunion a lieu entre le personnel éducatif, l'inspectrice de l'académie, un médecin et une infirmière. "Ils craignaient que le changement de prénom soit traumatisant pour elle, que ce ne soit pas un vrai choix conscient de sa part. Je comprends leur inquiétude, c'est leur rôle d'être précautionneux avec le bien-être des élèves", raconte Chrystelle, la mère de la jeune fille de huit ans dans Le Monde.
"C'est totalement inédit"
Dès le premier jour de classe, la maîtresse était favorable à appeler son élève Lilie, mais l'académie d'Aix-Marseille a demandé un temps de réflexion. La jeune fille a alors demandé à sa mère d'organiser une manifestation devant l'établissement pour pouvoir être acceptée comme elle est. Au lieu d'écrire son nom sur sa tablette, elle dit qu'elle aurait préféré écrire "je suis trans, et alors ?".
Le directeur académique du Vaucluse (Dasen) reconnaît volontiers avoir été surpris par la demande de Lilie. "Ce qui nous a un peu interrogé, c'était son âge. C'est totalement inédit, une demande aussi jeune, je ne sais pas s'il y a eu des cas en France", souffle-t-il dans le quotidien du soir. Il juge que sa décision permet de "préserver l'intérêt de l'enfant" après avoir "vérifié que c'était bien là sa volonté propre, et pas celle de son entourage", dit Christian Patoz.
Le soutien de sa famille
Après une décision-cadre du Défenseur des droits sur la transidentité et l'avis de la psychologue, l'académie considère qu'il est préférable de respecter "l’utilisation du prénom choisi pour que sa scolarité se déroule plus sereinement", ajoute-t-il. Malgré tout, l'académie confirme à TÊTU que le dossier scolaire de Lilie continuera d'utiliser le deadname et de genrer au masculin la jeune fille car l'état civil ne veut pas encore procéder à son changement de prénom et de genre.
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Les parents de Lilie ont tout de suite réagi à l'annonce de la transidentité de leur enfant. Une fois la révélation faite, la famille a changé immédiatement de pronom et de prénom. "J’ai compris que tout se passerait bien quand j’ai vu Lilie pleurer devant le miroir quelques jours plus tard, disant qu’elle se trouvait moche, et son frère jumeau arriver derrière elle en lui prenant les épaules et en lui disant qu’il la protégerait quoi qu’il arrive", raconte la mère de Lilie dans Le Monde. Depuis, elle a laissé ses bouclettes pousser et s'est fait percer les oreilles. Dans sa ville, tout le monde accueille ce changement en insistant sur le "mademoiselle". Même au cours de catéchisme, la jeune fille a été rebaptisée sans problème.
Crédit photo : Capture d'écran BFM/RMC