TunisieLa Tunisie sommée d'arrêter les tests anaux pour "prouver" l'homosexualité

Par Nicolas Scheffer le 06/08/2020
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Human Rights Watch exhorte la Tunisie d'arrêter de pratiquer des tests anaux comme "preuve" de l'homosexualité et demande l'abrogation du délit d'homosexualité.

Deux hommes de 26 ans ont été arrêtés au Kef, dans le nord-ouest de la Tunisie pour avoir eu des rapports homosexuels. Ils ont écopé en appel à un an de prison ferme et risquaient jusqu'à trois ans de détention. Ils ont refusé de se soumettre à un test anal. Un refus que la justice tunisienne a considéré comme une preuve de leur "culpabilité".

Ce mercredi 5 août, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a demandé aux autorités tunisiennes de libérer "immédiatement" les deux hommes et à mettre fin à tout test anal, une pratique "dégradante et inhumaine". "Les autorités tunisiennes doivent immédiatement révoquer leurs condamnations et les libérer", exhorte HRW dans un communiqué.

Des pratiques qualifiées de "torture" par l'ONU

L'ONG appelle à abroger le délit d'homosexualité en publiant "une directive ordonnant aux procureurs de renoncer à imposer des examens anaux à des détenus". Elle demande aussi que les médecins légistes, qui sont sous la tutelle du ministère de la Santé arrêtent ces pratiques au nom du "respect du droit à la dignité et à l'intégrité physique".

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Ces "examens" sont récurrents en Tunisie afin de "prouver" l'homosexualité et quand bien même ces pratiques sont qualifiées de "torture" par l'ONU. En 2017, Tunis s'était pourtant engagé devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à ne plus les imposer. Ils "violent l'éthique médicale et n'ont aucune valeur scientifique ou probante pour prouver l'homosexualité", soulève HRW. L'ONG considère l'acte comme "inhumain et dégradant", mais surtout, il "viole le droit international".

120 procès pour homosexualité

La pénalisation de l'homosexualité est largement pratiquée en Tunisie. Chaque année des personnes sont arrêtées et jugées pour leur orientation sexuelle. Le Collectif civil pour les libertés individuelles (qui comporte 40 associations de défense des droits humains) a dénombré 120 procès pour homosexualité en 2019. En octobre 2018, 16 députés ont proposé un projet de code des libertés individuelles.

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"La Tunisie doit envoyer un message fort contre les condamnations arbitraires infligées en vertu de lois archaïques sur la sodomie et libérer les deux hommes immédiatement", a déclaré Human Rights Watch.

 

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