Ils adorent sentir des chaussures, les chaussettes sales ou lécher des pieds. Mais qui connaît vraiment le monde des "kiffeurs", ses codes et ses rites ? En jogging, ils nous font pénétrer leur univers, fait de sueur, de fantasmes et de nylon.
À l'âge de 14 ou 15 ans, Bryan a volé la basket d'un ami de son grand frère. Alors que les hormones de cet ado sont en ébullition, il se met à sentir les chaussures, à les imaginer portées, et se masturbe avec. Dans un premier temps, il ne comprend pas ce qui lui arrive. "C'est exactement le même sentiment que j'ai éprouvé quand j'ai compris que je suis attiré par les garçons. D'un côté, je me dis que c'est étrange, de l'autre, ça me procure énormément de plaisir", confie-t-il. Pendant plusieurs années, il est en couple avec une fille. Il s'interdit de regarder les baskets et puis... "je me suis rendu compte que c'était tout à fait naturel, c'est un fantasme comme un autre. Si on fait un sujet tabou des kiffeurs, c'est parce que l'on porte un regard connoté dessus."
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Les préjugés sont nombreux. Les fans de "skets" seraient sales, véhiculeraient des stéréotypes sur les banlieues. Nécessairement, ils seraient mal dans leur peau : il faut être un peu dérangé pour se branler dans une chaussure. Encore plus lorsqu'on aime lécher des pieds ou qu'on apprécie le "jus de chaussette"... Mais c'est faux. Lorsqu'on prend le temps d'écouter ce que les "kiffeurs" ont à dire, on constate que derrière ces fantasmes se cache une véritable culture.
Vie privée, vie publique
Nicolas préfère parler sur la messagerie d'Instagram plutôt que par téléphone. À 24 ans, il a choisi de se reconfiner chez ses parents et ils sont loin de s'imaginer de ce qu'il peut faire avec ses Nike Air Max Plus TN Chargers. C'est la même chose pour Martin qui n'aimerait pas que ses parents entendent la conversation. Theo, lui, jongle entre le compte où il se montre en survêt et son profil "public". Clairement, c'est deux salles, deux ambiances. Côté pile, on peut le voir dans la pénombre, ganté, le nez plongé dans des Nike. Côté face, ce juriste d'une grande entreprise, tient un énorme bouquet de fleurs. La localisation ? Versailles. On a connu plus contestataire.
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