VIHUn Français sur deux ne se protège pas systématiquement du VIH avec un nouveau partenaire

Par Nicolas Scheffer le 25/11/2020
VIH

Une étude Harris Interractive met en évidence le manque d'information sur le VIH dans la population générale. Les Français connaissent mal les outils de prévention, ce qui renforce la sérophobie.

Si les progrès dans la lutte contre le VIH permettent d'abandonner la capote grâce à la PrEP ou le TasP, l'information  reste l'angle mort de la lutte contre le virus. C'est ce que rappelle une étude Harris Interactive conduite pour Gilead (le labo qui commercialise le Truvada). Les chiffres sont impressionnants : 82% des hétéros disent courir un faible risque de contracter le VIH. Chez les hommes gays et les bis, ce chiffre baisse à 63%. Résultat, un Français sur deux ne se protège pas systématiquement lors d'un rapport avec un nouveau partenaire.

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La prévention au sein de la communauté LGBT+, le travail acharné des associations, porte ses fruits : les nouvelles contaminations au VIH diminuent chez les HSH. À tel point qu'en 2018, les nouvelles contaminations après un rapport sexuel concernaient  56% des hétéros. Et le manque d'information est criant : un Français sur quatre (27%) pense que le VIH se transmet par le baiser. Un sur trois (36%) pense qu'une piqûre de moustique peut le transmettre. Une fois pour toutes, le VIH ne se transmet ni par la salive, ni la toux, ni la sueur, ni les piqûres d'insectes.

Indétectable = intransmissible

Pire encore, la règle indétectable = intransmissible est loin (mais alors très loin) d'être entrée dans les mœurs des Français. 84% des Français interrogés pensent qu'ils courent un risque de contracter le VIH en ayant une relation sexuelle non protégée avec une PPVIH (personne porteuse) qui suit un traitement. Rappelons-le, une personne sous traitement ne transmet pas le virus. D'ailleurs, une personne sous traitement a une espérance de vie équivalente à la population générale (même légèrement plus élevée).

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Plus grave, seulement un Français sur deux se protège systématiquement lors d'un rapport avec un nouveau partenaire. C'est un sur trois (30%) chez les plus de 50 ans et un peu moins de un sur deux (43%) chez les 15-24 ans. "On a observé depuis quelques années un certain 'relâchement', en particulier chez les jeunes et aussi, plus récemment chez les plus de 50 ans", remarque Gérard Mermet, sociologue chargée de l'étude, dans un communiqué.

Une sérophobie largement présente

Malgré ce manque de prudence, les Français font toujours porter la culpabilité du virus aux PPVIH : 65% des sondés se disent "gênés" à l'idée d'avoir un rendez-vous amoureux avec une PPVIH. 62% disent qu'elles ont été "imprudentes" lors de leur contamination. Les idées reçues sont telles que 25% des Français trouvent "gênant" de travailler avec une personne porteuse du VIH.

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En matière de dépistage au sein de la population générale, seuls 51% des Français déclarent s'être déjà fait dépister pour le VIH au cours de leur vie. Pour rappel, chez les HSH multi-partenaires, le dépistage est préconisé tous les trois mois ou tous les 10 partenaires. Les associations de lutte contre le VIH regrettent que le dépistage, s'il est gratuit, n'est pas toujours facile d'accès : les horaires des CeGIDD sont contraints, et les établissements sont parfois éloignés.

 

Vous pouvez vous faire dépister gratuitement et anonymement dans l'un des CeGIDD recensés par cette carte (aucune ordonnance n'est nécessaire)

*Enquête réalisée par Harris Interactive, mise en place et analysée par Francoscopie auprès de 2.225 personnes de la population générale en septembre 2020. Parmi les personnes interrogées, environ 10% des hommes s'identifiaient comme homosexuels, bi ou pan et 5% des femmes s'identifiaient comme homo, bi ou pan.

 

Crédit photo : Pxhere