BrésilErika Hilton, figure du militantisme trans et anti-raciste, triomphalement élue à Sao Paulo

Par Nicolas Scheffer le 27/11/2020
Erika Hilton

Dans l'un des pays les plus transphobe du monde, Erika Hilton a été élue conseillère municipale de la métropole de Sao Paulo. Et elle fait partie des mieux élu·e·s du pays.

Elle est la femme ayant recueilli le plus de voix au Brésil lors du premier tour des élections municipales du 15 novembre dernier. À 27 ans, Erika Hilton, femme noire et transgenre, est désormais conseillère municipale de la métropole de Sao Paulo. "Le Brésil est un pays raciste, homophobe et transphobe, et moi, je réunis tout ça dans mon corps", dit-elle. Cette élue du parti de gauche Psol, elle est entrée dans le "top 10" des conseiller·e·s les mieux élu·e·s de tout le pays, derrière neuf hommes.

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L'élection d'une femme trans et noire au conseil municipal de la capitale économique est un pas de géant. Le pays "avance contre le bolsonarisme", dit-elle. Mi-novembre, le président homophobe Jaïr Bolsonaro appelait le Brésil à cesser "d'être un pays de pédés" face à la Covid-19. Erika Hilton dit que son pays est "plein de paradoxes". Quelques jours après son élection, la mort brutale d'un homme noir tabassé par des vigiles d'un Carrefour de Porto Alegre a provoqué des manifestations contre le racisme dans plusieurs villes du pays. Elle aussi, avec quelques centaines de personnes, elle a manifesté à Sao Paulo. "Ce qu'on a vu à Porto Alegre est l'expression la plus ignoble du racisme structurel, du racisme institutionnel et de l'héritage au Brésil des pays esclavagistes", dit-elle. Le poing levé, elle a galvanisé la foule au cri de "Black lives matter".

 

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De la rue au Parlement

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Alors que l'extrême droite est au pouvoir, elle reçoit plusieurs menaces de mort. Mais finalement, deux années plus tard, sur 294 candidats trans ou fluides, 30 ont été élus aux élections municipales, d'après une association communautaire. Erika Hilton voit cette élection comme "une gifle pour ce système politique". Pour elle, "le Brésil de 2018 n'est pas le Brésil de 2020". "Ça avance lentement, car il y a eu 388 années d'esclavagisme et après 140 ans de fausse abolition, on est encore en construction, en lutte pour notre humanité", juge-t-elle.

Cependant, les menaces dont elle fait l'objet ne sont pas à prendre à la légère. En 2018, Marielle Franco, élue de Rio de Janeiro, noire et ouvertement lesbienne, a été assassinée. "Je suis fière d'être comparée à elle, mais j'ai peur que mon histoire se termine comme la sienne", craint Erika Hilton. En 2019, le Brésil a déploré 124 meurtres de personnes transgenre. L'un des pays les plus touchés au monde.

 

Crédit photo : Capture d'écran Instagram / Erika Hilton