Une soixantaine de députés de la majorité veulent interdire l'écriture inclusive dans les documents administratifs. Ils dénoncent une écriture "complexe". Le gouvernement n'y voit pas une priorité.
65 députés de la majorité en veulent à l'écriture inclusive. Le député LREM de l'Indre François Jolivet a déposé ce mardi une proposition de loi pour interdire l'écriture inclusive des documents administratifs. Une écriture qui "complexifie l'apprentissage de la langue française", selon lui.
Exit le "iel", "toustes", ou "celleux". Le texte veut "mettre fin" à l'écriture inclusive, un "choix personnel et militant de modifier l'orthographe et la grammaire de notre langue pour parvenir" à l'égalité entre les femmes et les hommes. L'écriture inclusive "contribue à brouiller la nature même des messages adressés" en visibilisant les femmes.
Une circulaire de 2017
Le texte recycle une circulaire de novembre 2017 sur "les règles de féminisation" de la langue. L'ancien premier ministre Édouard Philippe avait "invité" les ministres à ne pas en faire usage, "en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française". Le député François Jolivet souhaite l'étendre à tous les documents administratifs.
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Son texte de loi n'a pas beaucoup de chances d'aboutir. Certes, il a recueilli l'approbation de 64 députés, comme Aurore Bergé (LREM) ou Annie Genevard (LR). Mais le porte-parole du gouvernement a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'une priorité. Par ailleurs, François Jolivet est opposé au mariage pour tous qui "clive la société française et renforce l'homophobie". Il considère que l'adoption par les couples homoparentaux "créé le débat", il leur préfère les "familles traditionnelles" (sic).
"Bonjour à tous et à toutes"
L'écriture inclusive vise à ne pas considérer que le masculin est un genre grammatical neutre. Les règles invitent à utiliser à la fois le féminin et le masculin ("bonjour à tous et à toutes"), ou d'accorder à la fois au masculin et au féminin ("nous tou·te·s"). Elle est notamment utilisée sur les sites internet de plusieurs mairies. Depuis le printemps dernier, Lyon utilise l'écriture inclusive pour sa communication.
"Cette proposition de loi montre une mauvaise connaissance de ces écritures. Certaines sont adaptées et simples à lire. Utiliser un argument technique pour revenir sur une aspiration à plus d'inclusivité dans la langue, c'est prendre le problème à l'envers. Si ce député veut rendre le français plus simple, il n'a qu'à supprimer l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir", propose Matthieu Gatipon, porte-parole de l'Inter-LGBT+.
Il dit espérer que certaines communes résistent à cette proposition et fassent primer leur liberté. "Les députés devraient être plus diligents à obliger les formulaires administratifs à inclure les familles homoparentales", ajoute-t-il auprès de TÊTU. Dans de nombreuses écoles, les pères gay sont qualifiés de "mères" sur les formulaires.
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