Un formulaire scolaire demande une signature du "père" et de la "mère"... et montre toujours les difficultés pour l'école d'inclure les homoparents.
Article mis à jour à 19H01
Il y a des formulaires de rentrée dont on se passerait bien. Damien est très fier du premier jour de classe en petite section de maternelle de son fils, Élie, trois ans. Il l'est un peu moins de son école qui ne manque pas dans ses formulaires de demander la signature du "père" et de la "mère".
Allez, c’est parti... 🙄 #Formulaires #deuxPapas
(Tu vas voir comme je raye trop bien les mentions inadaptées...) pic.twitter.com/xUDJrHIGPj— Damien (@damienDBM) September 2, 2020
"Sept ans après la possibilité donnée aux couples homos d'adopter, c'est dommage de voir que l'école véhicule toujours une vision très normée de la cellule familiale", regrette ce papa gay auprès de TÊTU. Ce document à entête de l'académie de Dijon, demande le nom de jeune fille de la "mère", si elle est "madame" ou "mademoiselle" (pour rappel, le "mademoiselle" est censé être proscrit des documents administratifs). "On dirait que le formulaire n'a pas été mis à jour depuis des décennies", souffle-t-il.
Ce père aimerait pouvoir cocher s'il est père, mère ou représentant légal de l'enfant, ou barrer simplement les mentions inutiles. Contactée par TÊTU, l'académie n'a pas répondu à nos sollicitations. Ni à celles de l'ADFH, association des familles homoparentales, qui l'a interpellée sur Twitter.
Bonjour @AcademieDijon, il serait peut être opportun de mettre à jour vos formulaires 7 ans après l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe, qu'en pensez vous ? 😲 @jmblanquer @AdrienTaquet @DILCRAH https://t.co/78Vx63lxQr
— ADFH (@ADFH_asso) September 2, 2020
"Au fond, je m'y attendais un peu"
Il n'est pas étonné, "au fond, je m'y attendais un peu", dit-il. Car les formulaires scolaires invisibilisent régulièrement les couples homoparentaux."La France est championne des formulaires mal conçus", avance-t-il.
Alors, il a décidé de "corriger" le formulaire et de barrer les mentions inappropriées. "C'est assez ridicule, le document met particulièrement en avant le rôle de la mère. Il véhicule une image dépassée de la parentalité, notamment auprès des enfants", dit-il. D'autres formulaires de l'académie sont heureusement plus inclusifs. Ils parlent simplement de "parents" ou de "représentants légaux".
Plus tard dans la journée, après la publication de notre article, l'Académie a publié un tweet en réponse à celui de Damien. "L'article L 111-4 du code de l'éducation, applicable depuis la rentrée 2019, prévoit que les formulaires administratifs destinés aux parents permettent de choisir entre les termes père, mère ou représentant légal et tiennent ainsi compte de la diversité des situations familiales. L'académie est pleinement engagée dans la lutte contre les discriminations. Néanmoins, certains formulaires obsolètes peuvent encore circuler avec des formulations inadaptées. Merci d'avoir attiré notre attention."
"L'accueil a été bon"
Ce couac n'empêchera pas Damien de profiter du premier jour de classe de son fils. "L'accueil a été très bon, même si les gestes barrière nous ont empêché de faire véritablement connaissance avec la maîtresse", témoigne-t-il. Dans ce petit village de Saône-et-Loire, ce couple d'homoparents est remarqué. "Beaucoup de personnes se posent des questions sur l'homoparentalité. Peut-être qu'on peut faire évoluer les représentations", espère ce papa. Après tout, ce qui compte le plus, c'est que son fils soit heureux à l'école. Et d'après ses retours, il s'est déjà fait de nombreux copains.
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