Quatre hommes ont été condamnés en comparution immédiate à de la prison ferme pour avoir agressé un couple de même sexe. Les victimes ont reçu huit jours d'ITT.
"Ce sont des faits intolérables, inacceptables, qui ne devraient jamais avoir lieu dans notre société", s'est indignée Audrey Quey, procureure de la République de Vienne. Quatre hommes ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir agressé un couple homosexuel dans la rue.
Le jeune couple a été pris à partie à Heyrieux, en Isère. Ils ont reçu une première salve d'injures homophobes de la part de quatre personnes âgées de 19 à 30 ans, raconte le Dauphiné Libéré qui a assisté à l'audience en comparution immédiate. Le couple décide de passer son chemin. Mais alors que les deux hommes repassent, après avoir changé de trottoir, ils sont de nouveau pris à partie. "On va vous faire dégager de cette ville". "Tu vas te faire tuer par Dieu, ce n’est pas normal d’être pédé car tu es musulman".
"Les injures étaient plus violentes que d'habitude"
C'est alors que l'un des deux hommes demande des explications à ses agresseurs. "Les injures étaient plus violentes que d'habitude", raconte-t-il devant la Cour. Le ton monte et le couple commence à appeler les secours. C'est alors que l'un des agresseur leur arrache le téléphone et le lance contre le sol. Les quatre hommes portent au couple des coups et les font chuter. C'est l'arrivée d'une voiture et de trois femmes qui mettra fin à l'agression. Une agression particulièrement violente, puisque les victimes ont reçu 8 jours d'interruption temporaire de travail (ITT).
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Quatre hommes ont été repérés par la vidéo surveillance de la commune. Les gendarmes les ont alors interpellés et placés en garde-à-vue. Ils ont été jugés en comparution immédiate cinq jours après les faits. Trois des agresseurs présumés minimisent : "je suis arrivé après la guerre, j'ai eu une petite embrouille, mais je n'ai rien fait de tout ça", dit le trentenaire. "J'ai vu qu'ils ont bousculé mon copain, mais je suis resté sur le côté", abonde son comparse. "Je n'ai jamais parlé avec eux", nie un troisième. Mais le quatrième est unanime : "tout le monde à tapé sur tout le monde".
La défense minimise les faits
La procureure a requis jusqu'à trois ans de prison. "À les voir tous les quatre dans le box, sans aucune remise en cause, sans tolérance, rejetant la responsabilité sur les victimes, j’ai un sentiment de colère profonde", dit-elle lors de l'audience. La défense demande une relaxe partielle sur le caractère homophobe des propos. "Personne n'a pu établir qui a dit quoi, et même si ces propos ont été réellement tenus", tente la défense.
"En France, en 2021, se retrouver ici, sur le banc des victimes d'un tribunal car on est homosexuel, car on se promène main dans la main avec son compagnon, c'est malheureusement encore une réalité. (...) Ils ont été agressés devant chez eux, ils ont désormais la crainte de sortir dans la rue", a regretté l'avocate des parties civiles, Me Océane Bertrand.
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L'un des agresseurs a écopé de deux ans de prison dont un ferme ainsi qu'un an révoqué d'une condamnation antérieure. Un autre reçoit deux ans de détention dont la moitié de sursis. Les deux autres reçoivent 18 mois dont huit mois de sursis. Le tribunal a demandé leur incarcération immédiate.
Crédit photo : Matthew Ansley / Unsplash