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sexoPrEP et VIH : j’ai oublié un comprimé, que faire ?

Par têtu· le 11/06/2021
La PrEP protège du VIH responsable du sida

Protection efficace contre le VIH, la PrEP doit être prise sérieusement. Un oubli n’est pas synonyme d’infection, mais il faut réagir vite.

La nuit a été agitée, et le réveil n’est pas simple. Un café à la main, vous attrapez machinalement la boîte de PrEP (prophylaxie pré-exposition au VIH) qui traîne sur la table basse du salon. Un cachet est toujours là. Vous avez oublié de prendre le comprimé de la veille. Que vous soyez en prise à la demande ou en continu, que vous connaissiez ou non le statut sérologique de vos partenaires, ne paniquez pas, on vous explique comment réagir.

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Y a-t-il un risque de transmission du VIH ?

"La première question à se poser est : existe-t-il un risque de transmission ?" explique Stéphane Morel, chargé de mission en recherche communautaire chez Aides.

Par exemple, lors d’un rapport sexuel avec préservatif pendant toute la durée, et s’il n’y a pas de contact buccal ou anal avec du sperme, le risque de transmission du VIH est quasi nul. Rappelons qu’un partenaire séropositif sous traitement, dès lors qu’il est indétectable, ne peut pas transmettre le virus (c’est ce que l’on appelle le TaSP ou traitement comme prévention), même si une capote lâche. Le principal risque de transmission est donc d’avoir un rapport sexuel avec une personne séropositive qui s’ignore.

Il est à noter que si votre partenaire prend la PrEP, c’est lui qu’il protège, et non vous. En effet, si le TaSP permet de ne pas transmettre le VIH, la PrEP, elle, l’empêche de se fixer sur l’organisme du preneur, et sur le sien uniquement.

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Si, après un rapport, vous réalisez dans les deux heures que vous avez oublié la PrEP, mais que vous n’avez pas eu de relations sexuelles comportant un risque de contracter le VIH, prenez un comprimé et continuez comme à votre habitude. Si vous prenez la PrEP en continu, un retard de douze heures est toléré. Passé ce délai, il est préférable de recommencer la prise de comprimés depuis le début, et donc de compter sept jours avant d’être protégé. Une double prise ne permet pas de compenser un oubli.

De quand date ma dernière prise de PrEP ?

La seconde question à se poser est : "Depuis combien de temps suis-je sous PrEP ?" "Pour un garçon cis, à partir de sept jours de prise en continu, l’oubli d’un seul comprimé n’est pas grave, continue Stéphane Morel. La concentration dans le corps est suffisante pour bloquer le VIH." En d’autres termes, même si vous considérez qu’il y a eu un risque de transmission lors d’un rapport sexuel et que vous avez oublié un cachet, vous êtes protégé. "On peut même l’oublier deux fois en une semaine et rester protégé, ajoute Stéphane Morel. C’est en revanche beaucoup plus embêtant si la prise de PrEP qui a été oubliée était le premier comprimé ou le booster." Dans ce cas, il est conseillé de réagir vite.

Comment réagir ?

Si vous oubliez la PrEP, que vous ne connaissez pas le statut sérologique de la personne avec qui vous étiez ou que vous avez un doute, rendez-vous dans un hôpital pour demander le traitement post-exposition (TPE). Pas besoin de raconter votre vie aux soignants pour en bénéficier : il suffit d’en faire la demande en précisant que vous avez eu un partenaire dont vous ne connaissez pas le statut VIH. Le TPE se prend au plus tard dans les 48 heures après l’éventuelle exposition, et dure un mois. Bien sûr, faites-vous tester un mois puis trois mois plus tard.

Et pour les personnes trans ?

La PrEP à la demande n’a été testée que sur les hommes cis. Pour toutes les autres personnes, il est recommandé de prendre la PrEP en continu. Si vous considérez qu’il y a eu un risque de transmission et que le comprimé oublié était un des sept premiers, il est préférable de demander un TPE. "Après sept jours de prise en continu, si vous oubliez un comprimé, ce n’est pas grave, ajoute Stéphane Morel de Aides. En revanche, pour toutes les personnes qui ne sont pas des hommes cis, un oubli après sept jours de prise en continu, ça passe; deux, c’est compliqué." 

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