politiqueXavier Bertrand le promet : lui président, il n'y aura… aucune avancée sociétale

Par Thomas Vampouille le 05/10/2021
Xavier Bertrand est candidat à l'élection présidentielle 2022

Interrogé sur la grande réforme sociétale qui figurerait dans son programme pour l'élection présidentielle 2022, Xavier Bertrand a assumé qu'il n'y en aurait pas du tout, ne comptant pas "céder à un pseudo-modernisme". Au moins sur ce point, les choses sont claires…

"Ça sera une pause". Invité pendant 1h30 ce lundi 4 octobre des "Matins présidentiels" de Franceinfo, Xavier Bertrand a annoncé qu'aucune réforme de société ne figurerait dans son programme pour l'élection présidentielle 2022. Ainsi, s'il est élu, "ça sera une pause parce que je trouve qu'en matière sociétale, maintenant on va se poser", répond tout bonnement le candidat à Salhia Brakhlia qui lui demandait : "Quelle sera votre grande réforme sociétale ?".

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Pourtant, l'éventail des possibles présenté par la journaliste en préambule de sa question était assez large : "Valéry Giscard d'Estaing, ça a été l'IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, pour François Hollande le mariage pour tous, pour Emmanuel Macron la PMA pour toutes, pour vous quelle sera votre grande réforme sociétale ?"

"Tensions" et "pseudo-modernisme"

Mais Xavier Bertrand, lui, n'entend là que tensions, tensions, tensions : "On va arrêter de raviver des tensions entre les Français et puis moi, je ne veux pas céder à un pseudo-modernisme qui fait qu'on est toujours dans une course en avant". Pseudo-modernisme, donc, le droit à l'IVG, le droit de vote à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, le mariage pour tous et l'ouverture de la PMA…

Et si Xavier Bertrand tient à ce moratoire sur les avancées sociétales, c'est au nom du rassemblement, de la droite mais aussi des Français. Et le candidat de marteler, toujours sur Franceinfo : "Sur la partie sociétale, je le dis il y a une forme de course en avant et nous sommes dans un pays qui a besoin d'être apaisé, des Français qui ont besoin d'être réconciliés donc je ne me lancerai pas dans une course en avant qui va finir par dresser les Français les uns… eh stop (…), il est temps de comprendre qu'apaiser le pays, ça devient une des priorités les plus essentielles."

Apaiser le pays, en voilà une parole sage. Une volonté qui animait déjà Xavier Bertrand en juillet 2012, quand le député de l'Aisne assénait : "Pour moi, le mariage ne peut pas être ouvert pour les homosexuels". Puis encore, sans doute, un an et demi après le vote de la loi Taubira, alors que les personnes concernées se remettaient à peine du long débat sur le mariage pour tous rendu irrespirable par la droite conservatrice, quand le même Xavier Bertrand remettait deux sous dans la Manif pour tous en déclarant dans Valeurs actuelles qu'il manifesterait avec elle, lui promettant même l'abrogation future de la loi ayant ouvert le mariage aux homosexuels : "Je n’ai plus peur des mots : réécriture, abrogation, c’est la même chose. S’il faut dire abrogation, ce sera abrogation".

Quand Xavier Bertrand promettait d'abroger la loi Taubira

D'ailleurs, en ce début octobre 2014, Xavier Bertrand jurait ses grands dieux que lui ne reculerait pas devant la (contre-)réforme sociétale : "Quand j’entends certains de mes amis dire qu’on ne pourra pas revenir sur cette loi [Taubira, ndlr] parce qu’elle est entrée dans les moeurs, je ne m’étonne plus que beaucoup se détournent de la politique. Si on part du principe que ce que la gauche a voté correspond au sens de l’histoire et qu’on n’y peut rien, alors j’arrête de faire de la politique !"

Au vu de ses positions sur les sujets de société - "Je suis contre l’adoption, la PMA et bien sûr la GPA", énumérait-il encore à Valeurs actuelles -, on ne reprochera pas à Xavier Bertrand qu'il promette de s'en tenir éloigné… Et à défaut de se montrer cohérent dans sa volonté d'apaisement, il peut au moins se vanter d'être effectivement rassembleur à droite, puisque lesdites positions balaient bel et bien de Valérie Pécresse à Éric Zemmour.

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Crédit photo : capture d'écran Franceinfo