Invitée sur le plateau d'On est en direct sur France 2, Marie-Castille Mention-Schaar était venue défendre son film A Good Man, l'histoire d'un homme trans qui porte le bébé de son couple, bientôt au cinéma.
En se donnant pour sujet principal la grossesse d'un homme trans, le film A Good Man n'empruntait dès le départ pas les chemins de la facilité. Dès avant sa sortie au cinéma, prévue pour le 10 novembre 2021, il a déjà été l'objet de critiques auxquelles sa réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar, a eu l'occasion de répondre ce samedi 16 octobre dans l'émission de Laurent Ruquier sur France 2, On est en direct (OEED).
Le principal reproche fait au film, l'an dernier lors de l'annonce de son casting, fut le choix du rôle principal. Marie-Castille Mention-Schaar a confié le personnage de Benjamin, homme trans, à Noémie Merlant, partenaire époustouflante d'Adèle Haenel dans Portrait de la jeune fille en feu, et qu'elle avait déjà fait tourner précédemment dans Le ciel attendra puis La fête des mères. La réalisatrice avait justifié dans une note d'intention son choix d'une actrice cis pour ce rôle, affirmant que les acteurs trans "se comptent sur les doigts d'une main" en France. En réaction, le hashtag #ActoraTrans avait émergé en juin 2020 pour montrer qu'il y a des acteurs et actrices trans et non-binaires en France.
Accompagnée, sur le plateau d'OEED, par l'actrice Soko - qui dans le film joue Aude, la compagne de Benjamin qui ne peut pas porter l'enfant -, Marie-Castille Mention-Schaar est revenue sur son choix de Noémie Merlant. "D'abord, j'ai choisi une interprète", défend la réalisatrice, ajoutant que "le rôle de Benjamin, c'est un rôle capital, énorme, très important, et il faut avoir de l'expérience" pour l'incarner. Une expérience du métier qu'à ses yeux "le vécu, malheureusement", n'apporte pas seul : "C'est deux choses différentes".
Jonas Ben Ahmed aussi dans le film
Pour "que des acteurs trans aient accès à des rôles très importants", ajoute-t-elle consciente que c'est sa "responsabilité de réalisatrice", il faut d'abord "qu'ils accèdent au travail et qu'ils puissent aussi vivre de leur travail". Et ce, sans rester cantonnés comme c'est encore souvent le cas aux rôles de transgenres, souligne la cinéaste qui dans A good man a ainsi confié un rôle secondaire d'homme cis à un acteur trans, Jonas Ben Ahmed. Soko rebondit avec humour sur cette assignation générale en lançant : "Je n'ai que des rôles de lesbiennes !".
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L'existence du film (où l'on retrouve aussi Vincent Dedienne) permet quoi qu'il en soit d'aborder le sujet des transidentités, et c'est évidemment bienvenu, notamment pour "réaliser à quel point on peut déconstruire qu'est-ce que c'est être un père, qu'est-ce que c'est être une mère…". Face à la formulation approximative des questions de Léa Salamé, manifestement néophyte sur le sujet, Marie-Castille Mention-Schaar remet quelques points sur les "i", rappelant notamment que "bien sûr que [la transidentité] n'est pas un choix" mais que "des milliers d'hommes et de femmes trans souffrent de cette dysphonie de genre et ensuite font ce parcours de transition, qui est encore quand même très compliqué en France et si on peut en parler un peu, ce sera formidable".
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Crédit photo : capture d'écran France 2, "On est en direct" (le replay ici)