La superstar belge fait le point sur son début de carrière phénoménal dans un documentaire éponyme, Angèle, le 26 novembre sur Netflix. Elle y revient notamment sur son outing par la presse people en 2020.
"J'ai accepté qu'une partie de ma vie allait être partagée", introduit Angèle dans Angèle. Sur un fond noir, ce nom, Angèle, en lettres d'imprimerie – le même que sur les affiches de la tournée qui a accompagné Brol, premier disque doublement platine de la Belge désormais la plus célèbre de France – a été barré. Griffonné, puis remplacé par un nom – le même – à l'écriture manuscrite. Cette écriture, c'est celle d'Angèle van Laeken, jeune femme de 25 ans, qui veut rappeler que derrière chaque star, il y a un humain comme les autres.
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Documentaire autobiographique
C'est tout l'objectif de ce documentaire autobiographique, genre sur lequel parie de plus en plus Netflix après les succès de ceux sur Taylor Swift, Ariana Grande ou Maître Gims, présenté en exclusivité au Grand Rex, à Paris, le 9 novembre. Un genre apparemment sans grand intérêt artistique, puisque le sujet devient aussi metteur en scène – quand bien même un·e autre serait crédité·e à la réalisation – choisissant précisément quels aspects il ou elle veut mettre en avant. Angèle n'échappe pas à ce travers, mais au moins, elle l'assume.
Dès le début, Angèle assume de vouloir faire de ce film un lieu de maîtrise de son storytelling. Mais l'intérêt ici, c'est que ce film est l'occasion pour Angèle van Laeken de revenir sur son début de carrière boulet de canon, des premières vidéos timides sur Instagram aux publicités pour Chanel, des premières parties chaotiques de Damso à ses Zénith qui débordent de gens qui crient son prénom. Elle n'y cache pas l'ambition dont elle déborde et le travail acharné à mener sur la route qui conduit vers la gloire.
Un succès rapide, et parfois affolant. "J'ai perdu la vraie Angèle", peut-on lire sur un des cahiers intimes que la Bruxelloises conserve au milieu de son brol, son bordel. Elle parle de ce personnage qu'elle se crée, mélange d'Ariel la Petite Sirène, d'Hélène Ségara ou d'Ariana Grande, "tout ce que j'ai voulu être", qui vampirise petit à petit la musicienne devenue obsédée par la réussite.
Angèle VS ANGÈLE
Mais la célébrité n'est pas une médaille sans revers. Plusieurs affaires sont venues assombrir cette "vie de rêve", qui l'ont aussi encouragée à se retrancher derrière l'épaisse armure de son personnage public. Plusieurs polémiques qui méritent plus que des explications, des démentis ou des condamnations en 240 caractères, et dont elle s'emploie à livrer ici sa version, messages vocaux, emails et souvenirs à l'appui.
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D'abord, cette photo dénudée (pourtant chaste) parue dans Playboy sans son accord, faisant couler l'encre de la presse people belge et des larmes de honte chez celle dont la carrière ne fait que débuter. Puis, les accusations d'agression sexuelle qui visent son frère, Roméo Elvis, donnant aux internautes, avides de quelque chose pour descendre la nouvelle icône populaire du féminisme, le bâton pour la battre. Angèle réagit, vite, en publiant sur Instagram un message ressemblant fort à un communiqué politique. Il faut sauver le soldat Angèle. Mais pour la famille Van Laeken, c'est une déflagration.
Un outing destructeur
Un autre évènement secoue le clan van Laeken, et notamment Mamy Pilou, touchante spectatrice du jeu insensé de la fame auquel se livrent ses petits enfants. En 2020, un magazine people étale sur sa une des photos d'Angèle et de sa petite amie de l'époque. Angèle, en couple avec une fille ? Les fans s'agitent, la commu tremble et ses détracteurs jubilent. Cyril Hanouna diffuse les photos à ses 2 millions de fidèles. "Je me suis fait voler mon coming out", résume Angèle, qui n'a pas eu le temps de prévenir sa grand-mère. Cette dernière est encore au bord des larmes quand elle raconte lui avoir demandé, interdite, "pourquoi une fille?" alors qu'Angèle l'appelait pour lui apprendre ce que la télé lui avait déjà révélé. "Pourquoi un mec, mamie ?", lui aurait simplement répondu sa petite fille.
En interrogeant sa grand-mère, elle confronte le spectateur à la violence de voir ce moment aussi redouté pour les personnes LGBTQI+ devenir le centre de toute l'attention, un sujet d'actualité que l'on relaie, dissèque et commente pour faire de l'audience. "Je rêve que l'orientation sexuelle des gens ne soit plus un scoop" se désole-t-elle, en admettant en même temps comprendre pourquoi la communauté LGBTQI+ a partagé son coming out avec vélocité, presque comme une prise de guerre. Et quelle prise ! La petite princesse de la pop francophone, écoutée par tous les kids autant que par leurs parents, égale en intelligence, en talent et en beauté... "Je comprends le besoin de représentation, admet Angèle. Si j'avais eu plus de représentations, je n'aurais pas attendu mes 23 pour me rendre compte que j'étais bi." Qui d'autre qu'elle, aujourd'hui, en France ou en Belgique, pourrait aussi bien faire le job ?
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Crédit photo : Netflix