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VIHVIH/sida : le gouvernement dévoile des mesures pour "remonter la pente"

Par Nicolas Scheffer le 01/12/2021
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La lutte contre le VIH a pâti de celle contre le Covid-19. Les dépistages sont en baisse. "Remonter la pente est difficile", reconnaît le ministère de la Santé.

"Il est essentiel d'améliorer l'exhaustivité des données de surveillance, qui s'est particulièrement dégradée ces deux dernières années, afin de pouvoir disposer d'indicateurs robustes au niveau national et territorial, indispensables au suivi de la stratégie nationale de santé sexuelle", écrit Santé publique France dans son dernier bulletin de surveillance du VIH rendu public mardi. Ce mercredi 1er décembre, le ministère de la Santé rend à son tour publique une "feuille de route" pour les trois prochaines années.

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La lutte contre le VIH pâtit de la pandémie de Covid-19. Le bulletin de santé indique qu'en 2020, alors que confinements et couvre-feu ont duré près de huit mois, le nombre de dépistages a chuté de 14% par rapport à 2019. Résultat, "le nombre de découvertes de séropositivité en 2020 a été estimé à 4.856, soit une diminution de 22% par rapport à 2019. Cette diminution du nombre de diagnostics d'infection au VIH peut être expliquée en partie par la diminution de l'activité de dépistage. Elle pourrait également être due à une moindre exposition au VIH liée aux mesures de distanciation sociale, qui a plus vraisemblablement été limitée au premier confinement", poursuit le bulletin de santé publique. Une autre étude de l'ANRS estime que les sérologies VIH ont également baissé de 11% en 2021.

Un taux de positivité au VIH en baisse

Raison d'être optimiste, le taux de positivité des tests réalisés dans les Centres gratuits d'information et de dépistages (CeGIDD) baisse à 1,6 pour 1.000 sérologies réalisées, tandis qu'il était de 2,2 pour 1.000 en 2013. En revanche, un test positif sur trois (30%) est réalisé à un stade avancé de l'infection, contre 28% en 2019. Santé publique France qualifie ce dernier chiffre de "préoccupant". La découverte du VIH à un stade avancé "constitue une perte de chance en termes de prise en charge individuelle et un risque de transmission du VIH", souligne l'agence nationale.

"On s'attendait à ces chiffres", tempère auprès de TÊTU le ministère de la Santé, présentant une nouvelle feuille de route concernant la santé sexuelle pour la période 2021-2024. Les personnes qui découvrent leur séropositivité restent à 43% des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes. 38% sont des hétéros né·es à l'étranger, 16% sont des hétéros né·es en France et 1,5% sont des personnes trans contaminées lors d'un rapport sexuel. "Avec 13% de PPVIH qui ne connaissent pas leur statut sérologique, nous devons mettre le paquet sur le dépistage car remonter la pente est difficile", reconnaît le ministère.

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"Un coup d’arrêt au déploiement de la PrEP a été observé alors qu’elle constitue actuellement un moyen essentiel pour réduire l’incidence dans les populations clés", regrette encore le ministère. Pour y répondre, l'entourage d'Olivier Véran met en avant la généralisation de l'expérimentation "Au labo sans ordo" permettant d'entrer dans un laboratoire et de bénéficier d'une sérologie VIH sans avoir besoin d'une ordonnance, avec une prise en charge par la Sécurité sociale sans avance de frais. Depuis juin, les médecins généralistes qui ont suivi une formation peuvent aussi prescrire la PrEP en première intention, alors qu'il fallait jusqu'alors être suivi par un centre spécialisé.

Mobilisation sur la santé sexuelle

Pour les trois prochaines années, le ministère de la Santé entend informer les jeunes en matière de santé sexuelle dans le cadre du Service national universel (SNU). Des "étudiants relais santé" doivent être formés aux questions de santé sexuelle. Et tous les professionnels du champ social, médico-social, santé et justice doivent être formés et sensibilisés à la santé sexuelle.

Concernant le dépistage, le ministère de la Santé promet de garantir une offre lisible, accessible et coordonnée de santé sexuelle. Les CeGIDD devront proposer des téléconsultations pour être plus accessibles. Toutes les occasions de dépister doivent être utiles, avec un renforcement de l'accès aux auto-tests VIH. Le ministère reconnaît le "peu de données consolidées sont à ce jour disponibles pour quantifier l’ampleur du phénomène" du chemsex. Une étude doit être rendue publique fin décembre, cette étude devra être l'occasion de "proposer une stratégie de prévention et de réduction des risques".

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Depuis plusieurs années, associations et scientifiques alertent sur le manque de données concernant le VIH. En dehors des remontées de terrain, on ne sait pas précisément comment se contaminent les personnes. Le ministère temporise et promet un rapport fin 2023, "avec des propositions d'amélioration du système de production des données". D'ici là, l'outil de suivi du Covid-19 devra être utilisé pour le VIH avec des données disponibles pour "toutes les parties prenantes".

Pour vous faire dépister ou bien vous faire prescrire la PrEP, vous pouvez vous rendre gratuitement dans un des CeGIDD recensé par cette carte :

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