religionL'archevêque de Paris Michel Aupetit : démission d'un adversaire acharné des droits LGBTQI+

Par Nicolas Scheffer le 03/12/2021
monseigneur aupetit demission,michel aupetit,demission archeveque paris,mgr michel aupetit archevêque de paris,michel aupetit demission,aupetit demission,archevêque de paris,archeveque michel aupetit,mgr michel aupetit,mgr aupetit,eglise,pape

Grand compagnon de route de la Manif pour tous, l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit a été contraint de déposer sa démission après avoir reconnu un "comportement ambigu" avec une femme. Le pape François l'a acceptée.

En 2012, Michel Aupetit, n'était pas seulement en tête du cortège de la Manif pour tous. Cette même année, il a également "eu un comportement ambigu avec une personne très présente vis-à-vis de lui", a admis le diocèse de Paris cette semaine. Ce jeudi 2 décembre, le pape François a annoncé accepter la démission présentée par l'archevêque de Paris, après que Le Point a révélé qu'il a entretenu une relation intime avec une femme, ce que Monseigneur Aupetit dément.

À lire aussi : Sur l'Église, les prêtres gays et le rapport Sauvé : entretien avec Josselin Tricou

Selon l'hebdomadaire, l'archevêque a entretenu une relation consentie et intime avec une femme, illustrée par un email "sans la moindre équivoque", envoyé par erreur et qui "contrevient aux vœux de son ministère". "Je reconnais que mon comportement vis-à-vis d'elle a pu être ambigu, laissant ainsi sous-entendre l'existence entre nous d'une relation intime et de rapports sexuels, ce que je réfute avec force", réfutait Michel Aupetit dans l'enquête.

Quoi qu'il en soit, Cyrille de Compiègne, porte-parole de l'association LGBT chrétienne David et Jonathan, s'étonne auprès de TÊTU de la situation : "Je m'interroge sur la célérité de la sanction contre Michel Aupetit pour avoir eu une relation consentie alors que dans d'autres cas sûrement plus graves, les institutions ont mis beaucoup de temps à prendre position… Il est nécessaire que l'Église se pose la question de la sexualité des prêtres".

Mariage, PMA : les attaques de Mgr Aupetit

C'est un ecclésiastique particulièrement hostile aux droits des personnes LGBTQI+ qui quitte son ministère. En 2012, l'opposant à l'IGV s'est violemment opposé au mariage pour tous. "Au nom d'un individualisme exacerbé, on crée une loi pour chaque catégorie de personnes. Sinon, pourquoi pas la polygamie ? L'inceste ? L'adoption d'un enfant par un frère et une sœur ?", osait-il en 2012. Quant à la PMA, "le recours à une procréation médicalement assistée serait une profonde injustice faite aux enfants", déclarait-il, notamment parce que "l'homoparentalité est une inexactitude".

"La méthode de Mgr Aupetit était pour le moins autoritaire."

Réagissant en octobre 2020 à la relative ouverture du pape François envers les personnes LGBTQI+, Mgr Aupetit marque encore sa fermeture : "Les homosexuels ont droit à une famille [celle du christianisme, ndlr], ça ne veut pas dire qu'ils ont droit à des enfants". Plus récemment, le 1er mars dernier, Michel Aupetit fait fermer la paroisse Saint-Merry, qui soutient les droits des minorités et notamment des personnes LGBTQI+, ostracisées dans le catholicisme. Dans les années 1970, cette paroisse, installée à deux pas du Marais dans Paris, accueillait des réfugiés politiques et a participé à la création des Restos du cœur.

"La méthode de Mgr Aupetit était pour le moins autoritaire, c'était sa manière de gouverner le diocèse. Il n'a pas cherché à apaiser les conflits au sein de la paroisse Saint-Merry, remarque aujourd'hui Cyrille de Compiègne. Les relations de notre association avec le diocèse de Paris étaient inexistantes car la porte était totalement fermée". Si les croyants parisiens ne savent pas encore ce qu'ils vont gagner après son départ, on sait en tout cas clairement ce qu'on perd, et sans regrets.

À lire aussi : "On a voulu me guérir de l'homosexualité" : Benoît raconte l'enfer des thérapies "de conversion"

Crédit photo : Wikimedia Commons