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politique2022 : les stratégiques appels du pied de Christiane Taubira vers la Primaire populaire

Par Nicolas Scheffer le 07/12/2021
Christiane Taubira lorgne vers la Primaire populaire

Il est encore permis aux fans de Christiane Taubira d'espérer pour 2022. L'ancienne ministre de la Justice multiplie les signaux favorables à la Primaire populaire, dont elle a dîné par deux fois avec les organisateurs.

Et si c'était finalement bien elle, la candidate de la gauche à l'élection présidentielle 2022 ? De passage à Paris la semaine dernière, Christiane Taubira a délivré des appels du pied à la Primaire populaire, initiative citoyenne pour faire émerger une candidature de rassemblement à gauche. Or, si ce processus patine pour l'heure, il pourrait être relancé par l'ancienne garde des Sceaux qui, selon les informations de TÊTU, a dîné à deux reprises avec ses organisateurs au cours des deux derniers mois. De quoi raviver l'espoir d'une candidature chez ses fans, déjà rassérénés par les informations de BFMTV selon qui elle envisage effectivement de se présenter, d'ici à la mi-décembre, à l'investiture de la Primaire populaire. "Elle réfléchit à la situation politique […] discute très ouvertement des hypothèses", indique selon la chaîne d'information son entourage.

"Est-ce qu'on essaie de saisir une dernière chance ? Je ne crois pas que l'avenir soit écrit."

Christiane Taubira à "Quotidien"

Invitée le 30 novembre sur le plateau de l'émission Quotidien, c'est d'ailleurs Christiane Taubira qui a mis le sujet sur la table de Yann Barthès. Lorsque le présentateur de TMC évoque la division de la gauche sans qu'aucune candidature ne semble y percer réellement en ce début de campagne, l'ancienne ministre de la Justice répond : "Il y a la Primaire populaire, par exemple, qui est peut-être une échéance de discussion, encore, de rencontre…". Boudée par tous, lui fait-on alors remarquer : "Oui, pour l'instant (.…), mais est-ce qu'on essaie de saisir une dernière chance ?", rétorque encore l'invitée, avant de vanter les mérites de cette primaire : "C'est un processus démocratique, c'est un processus générationnel (…) On ne peut pas prendre le risque de laisser les gens morfler cinq ans de plus. On ne peut pas laisser s'installer, la peur, la haine, la défiance vis-à-vis des autres. On ne peut pas prendre le risque de laisser des kapos décider de ce que nous sommes et de ce que nous voulons". Et de conclure : "Je ne crois pas que l'avenir soit écrit (…), je pense que les choses se transforment".

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Christiane Taubira et la gauche puzzle

Problème de Christiane Taubira : le souvenir traumatique de 2002, quand sa candidature à la présidentielle fut accusée d'avoir nourri l'émiettement de la gauche (huit bulletins) qui empêcha Lionel Jospin d'accéder au second tour, au profit de Jean-Marie Le Pen. Or, vingt ans plus tard, la gauche est de nouveau éparpillée façon puzzle. Avec une prudence de chat, Christiane Taubira a ainsi déclaré en septembre sur France Inter : "Même les personnes qui ont beaucoup d'enthousiasme sont capables d'être assez raisonnables pour comprendre que je ne suis pas venue pour contribuer à l'éparpillement". Tout en ne claquant toujours pas fermement la porte à 2022 : "D'une façon où d'une autre, je vais trouver ma place…"

Cette place, Christiane Taubira semble donc désormais la chercher du côté de la Primaire populaire. Bien plus que ses camarades, puisqu'Anne Hidalgo n'en a rencontré personnellement les organisateurs qu'une fois en un an. Quant à Yannick Jadot, s'il participe à des discussions sur WhatsApp, il n'a pas rencontré les partisans de la primaire.

Primaire populaire : un vote fin janvier

Du côté de l'organisation de la Primaire populaire, on revendique actuellement plus de 225.00 sympathisants et 5.000 militant·es formé·es. Un financement participatif a par ailleurs apporté pas moins de 500.000 euros dans la cagnotte, nous indique son porte-parole Samuel Grzybowski. "On ne cherche aucune investiture, on ne cherche pas d'argent, on est simplement des citoyens désespérés, désemparés et en colère, poursuit celui-ci. Nous sommes des personnes qui refusons que la gauche parte désunie."

Concrètement, "du 27 au 30 janvier, nous appellerons à voter parmi les 10 personnes arrivées en tête de notre appel à candidatures", explique encore Samuel Grzybowski. Avantage évident pour Christiane Taubira : le processus vise à donner une légitimité populaire à la candidature qui obtiendrait le plus de voix, sur simple inscription des internautes pour voter. De quoi potentiellement rivaliser avec les 110.000 votants LR qui ont élu Valérie Pécresse candidate de la droite. De quoi, surtout, permettre à ses camarades dont la candidature serait restée d'ici là dans les choux de se rallier à son panache sans trop de dommages. Quoi de tel qu'un plébiscite populaire pour propulser une candidature ?

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Crédit photo : Capture d'écran Quotidien sur TMC