La candidate à l'élection présidentielle 2002 ne le sera pas vingt ans plus tard. Invitée de la matinale de France Inter, Christiane Taubira a argué ne pas vouloir participer à l'éparpillement de la gauche en 2022. Pour autant, elle compte bien s'impliquer dans la bataille politique.
La question brûlait les lèvres de Nicolas Demorand et Léa Salamé. Après 17 minutes d'interview dédiées à Ces morceaux de vie... comme carreaux cassés (Robert Laffont), le recueil de nouvelles que Christiane Taubira était venue présenter ce jeudi 16 septembre dans la matinale de France Inter, l'ancienne ministre de la Justice a confirmé sa décision pour 2022 : elle ne sera pas candidate à l'élection présidentielle. Pour autant, elle compte bien peser dans la campagne, déclarant : "D'une façon où d'une autre, je vais trouver ma place"…
Cinq candidatures, "c'est trop"
Après moult précautions prises par les deux journalistes pour ne pas froisser la queen qui avait porté le mariage pour tous en 2012, Nicolas Demorand a fini par poser LA question : "Donc vous n'êtes pas la sixième candidate, la surprise du jeudi matin ?". Réponse de l'invitée : "Même les personnes qui ont beaucoup d'enthousiasme sont capables d'être assez raisonnables pour comprendre que je ne suis pas venue pour contribuer à l'éparpillement". Il faut ici comprendre qu'après l'effroi de 2002, où la gauche n'avait pas été présente au second tour malgré ses huit candidatures dont celle de Christiane Taubira, celle-ci ne se voit pas capable vingt ans plus tard de rassembler des personnalités de Jean-Luc Mélenchon à Anne Hidalgo.
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"Cela fait des années que je dis que je ne partage pas une vision messianique de la politique", développe-t-elle, alors que beaucoup voient en elle la possible prophète d'une gauche éparpillée façon puzzle. Tout de même, "objectivement, (cinq candidatures), c'est trop", dit Christiane Taubira qui, toutefois, n'insulte pas l'avenir, distribuant des adresses amicales aux différents concurrents : "Toutes les personnes qui sont là, je les connais, je les respecte et je les estime". Elle rappelle que "toutes ont exercé des responsabilités ministérielles", n'oubliant pas d'y ajouter la maire de Paris : "...ou locales". Un jeu d'équilibriste et de séduction car la désormais non-candidate n'a pas abandonné la politique : "D'une façon où d'une autre, je vais trouver ma place" dans cette campagne, assure-t-elle sans plus de précisions.
"Je ne peux pas m'amuser"
Dans une de ces envolées dont Christiane Taubira a le secret, elle s'agace ensuite de la passivité de la gauche face à l'offensive réactionnaire. "Les personnes mobilisées pour cette élection doivent comprendre que l’enjeu est colossal. La gauche ne peut pas perdre cette élection. Le pays reste calme, alors qu'on écrase la jeunesse, alors que le danger climatique ne peut pas attendre, que l'injustice sociale produit de la colère, de la rage", s'emporte-t-elle au micro de bon matin. Et de mettre l'oxymore mitterrandien au goût du jour, à l'ère du Zemmour partout : "La société a été travaillée ces dernières années par des idées d'exclusion, de rejet, une xénophobie tranquille. C’est un pays où on humilie tranquillement".
"On humilie dans ce pays et on trouve ça normal !"
La colère de @ChTaubira dans #le79Inter pic.twitter.com/jz3uZSwzul
— France Inter (@franceinter) September 16, 2021
Or, ces réacs, "personne ne conteste leur haine, personne ne les marginalise, ne les stigmatise", déplore Christiane Taubira d'une voix enflée dont la gauche manque au moins autant que de rassemblement, concluant : "Moi, face à cela, je ne peux pas juste m'amuser". Comme si c'est ce que ses partisans attendaient d'elle…
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Crédit photo : Capture d'écran France Inter