Fan invétéré de West Side Story, l'illustre cinéaste adapte ce monument de Broadway. Attendu au tournant, ce remake virevoltant est purement grandiose, en plus d'être un repaire de talents. Au cinéma ce 8 décembre.
S'il n'y avait qu'un film à voir pour terminer sur une note positive cette douce-amère année 2021, ce serait sans doute West Side Story. Pilier de la culture new-yorkaise, la comédie musicale écrite par Arthur Laurents en 1957 a maintes fois été revisitée sur les planches de Broadway et au-delà. Elle a aussi connu une première adaptation au cinéma en 1961, récoltant une kyrielle d'Oscars. Une vie impressionnante pour une œuvre qui l'est tout autant. Et voilà en 2021 que Steven Spielberg livre sa propre adaptation – un succès.
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Steven Spielberg en met plein les yeux
Pour les néophytes, West Side Story narre la rivalité tenace entre deux gangs de New York qui se disputent le quartier de l'Upper West Side dans les années 50. D'un côté, les Jets, blancs et refusant de se mélanger. De l'autre, les Sharks, d'origine portoricaine et qui ne demandent qu'à se faire une place dans la Grosse Pomme. Leurs rapports déjà houleux se compliquent dès lors que Tony, l'ex-leader des Jets, s'amourache de Maria, la sœur cadette de Bernardo, chef obstiné des Sharks. Une idylle impossible qui menace de faire imploser tout un quartier déjà à vif et de coûter des vies.
Développer sa version de la pièce relevait du rêve de gosse pour Steven Spielberg, qui lui voue une affection rendue évidente dans son West Side Story. Habitué à concocter des films spectaculaires (de La Guerre des mondes à Ready Player One en passant par Jurassic Park), l'indétrônable réalisateur américain propose un long-métrage à la hauteur de sa filmographie. Une comédie musicale captivante de bout en bout, qui subjugue par une mise en scène généreuse, des décors de reconstitution minutieux (bien que parfois trop polis) et des chorégraphies épatantes. En bref, on nous en met plein les mirettes.
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West Side Story version 2021
Du point de vue du scénario, les fans de la comédie musicale n'auront pas de grande surprise. Le scénariste Tony Kushner s'est tout de même permis une petite clarification bienvenue. Dans la pièce originelle, on trouve le personnage d'Anybodys, présenté comme un garçon manqué qui rêverait d'appartenir aux Jets. Souvent sujette à débat, sa transidentité présumée est ici pleinement assumée quand Anybodys, méprisé par les garçons du gang, déclenche une bagarre en clamant haut et fort : "Je ne suis pas une fille". Bien qu'elle ne fasse pas l'unanimité au Moyen-Orient – plusieurs pays ont d'ores et déjà banni le film pour cette raison –, cette petite retouche au script d'origine fait son effet, d'autant plus que le rôle a été confié à l'interprète non-binaire Iris Menas.
Au-delà de ce détail qui fait du bien, la réjouissance vient surtout des performances. Si les amants maudits au cœur de l'intrigue sont convaincants – ni plus, ni moins –, David Alvarez et Mike Faist livrent des prestations sensibles et percutantes sous les traits des ennemis jurés Bernardo et Riff. Mais la révélation de ce West Side Story n'est autre qu'Ariana DeBose, saisissante en Anita. Autant d'interprètes qui parviennent à donner une seconde vie en l'honorant à l'œuvre forte d'Arthur Laurents.
Somme toute, les aficionados de comédie musicale en auront pour leur argent avec ce nouveau West Side Story. De même, les amateurs de récits fabuleux aux élans shakespeariens seront rassasiés. Enfin, ceux qui veulent simplement se rincer l'œil devant de beaux apollons pendant 2h36 seront, eux aussi, comblés. Ce remake n'est peut-être pas une nécessité mais la patte de Spielberg en fait un tel spectacle qu'il est difficile de ne pas se laisser emporter.
Crédit photo : Walt Disney Studios Distribution