Colère après la réaction de Booba à la loi "Don't Say Gay"

Par Gabriel Moullec le 31/03/2022
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Trois jours après la validation de la loi "Don't Say Gay" qui censure les questions d'identité de genre et d'orientation sexuelle dans les écoles de Floride, le rappeur Booba s'offusque sur Twitter que l'on qualifie celle-ci d'homophobe.

Scarface. Quelques jours après la validation de la loi "Don't Say Gay" qui censure les sujets liés à l'orientation sexuelle et l'identité de genre dans les écoles de Floride (sud-est des États-Unis), le rappeur français exilé à Miami Booba s'est fendu d'un tweet dans lequel il juge "honteux" que l'on puisse qualifier cette loi d'homophobe.

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Une rhétorique homophobe classique

Son message sur le réseau social Twitter commençait plutôt bien, déclarant que "chacun est libre de sa sexualité". Mais voilà que celui qui a fait ses bagages pour la Floride s'égare ensuite dans une rhétorique qui n'est pas sans rappeler celle des plus fervents détracteurs aux droits LGBTQI+ : Booba dénonce "l'endoctrinement" qui planerait au dessus de "nos pauvres enfants" plébiscitant le rôle des parents plutôt que celui de l'école pour répondre aux questions d'orientation sexuelle ou d'identité de genre. "'Jugé homophobe' c’est vraiment honteux", conclue-t-il, citant un article de BFM TV.

"Un hétéro sur trois a subi de l'homophobie"

Évidemment, le Gay Twitter s'est empressé de réagir aux propos du rappeur. Notamment pour expliquer à Booba que tout le monde a une orientation sexuelle et que l'hétérosexualité en est une. En effet, lorsqu'on parle des questions de sexualité ou d'identité de genre, cela n'implique par uniquement le fait d'aborder l'homosexualité ou la transidentité.

Par ailleurs, celui qui a deux enfants scolarisé dans cet état sait-il que l'homophobie touche tous les élèves ? Selon Gabrielle Richard, sociologue et spécialiste du genre, "un hétéro sur trois a subi de l'homophobie, c'est pourquoi cela concerne tout le monde", explique-t-elle pour têtu·, précisant qu'appréhender les questions de sexualité et d'identité de genre à l'école permet de préparer les élèves "à interagir avec des personnes différentes d'eux dans une société qui est plurielle".

Quant au risque d'"endoctrinement" que craignent les homophobes, la spécialiste des questions LGBTQI+ à l'école souligne que "si l’école fait la promotion de quelque chose, c’est celle de l’hétérosexualité par des représentations qui laissent entendre qu'il faut être cisgenre et hétérosexuel". Elle souligne également le risque pour les enfants de s'informer par eux-mêmes sur internet et pointe notamment du doigt "la pornographie et ses représentations souvent dommageables" et, enfin, le biais que peuvent apporter les parents dans la mesure où "les études montent [qu'ils] éduquent leurs enfants selon des normes hétéros".

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Un habitué des remarques LGBTphobes

Mais celui que ses fans appellent le Duc n'en est pas à son coup d'essai en matière de sorties limites. En octobre 2021, il s'en était pris au footballeur Paul Pogba qui faisait la promotion de "chaussures non-binaires", tandis que plus tôt dans l'année, il avait refusé de participer à l'émission Touche pas à mon poste si Matthieu Delormeau, chroniqueur ouvertement gay qui l'avait épinglé pour homophobie en 2016, était présent.

Crédit Photo: Booba via Wikipédia