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reportageAu Printemps des Assoces, la joie plus forte que l'inquiétude de la présidentielle

Par Tom Umbdenstock le 04/04/2022
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Après deux ans de Covid, les assos LGBTQI+ ont repris des forces au Printemps des Assoces pour affronter la présidentielle. Une élection qui laisse peu d'espoir pour de nouvelles conquêtes LGBTQI+.

Le Printemps des Assoces n'aura peut être jamais été autant attendu. Après deux années de report, des actions mises entre parenthèses et de réunions en visio, les associations LGBTQI+ étaient à nouveau rassemblées le temps d’un weekend pour rencontrer le public, les curieux et quelques élus. Une vraie renaissance pour les bénévoles et salariés, enfin réunis en “présentiel” dans le centre de Paris. 

Covid et conséquences

“Ce qui a été le plus difficile c’est d’annuler notre weekend national qui réunit toutes les personnes de notre association deux années de suite” raconte Elsa, bénévole de l'Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens derrière son stand. Quand on l'interroge sur les difficultés rencontrés, elle souligne évidemment les parcours de PMA et de GPA bloqués, mais aussi l'arrêt prolongé des rencontres entre familles homoparentales “qui sont un enjeu très fort pour les enfants parce que ça leur permet de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls à avoir des parents de même sexe”. 

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Comme l'APGL, les associations LGBTQI+ - chacune dans leur secteur - ont pâti de l’absence de contacts. La crise du Covid a "renforcé l’image de fragilité des personnes âgées” regrette de son côté Alain, vice-président de Grey Pride, et “renforcé l'isolement” de ce public déjà fragile. Pour d'autres, le Covid a eu des conséquences financières déplorables : “les soirées qu’on organisait nous permettaient de recueillir des dons qui faisaient presque la moitié de notre budget. Beaucoup ont dû être annulées” regrette Romain, président de Fiertés Pas-de-Calais. Autant de moyens perdus pour la mise en place de la Pride d’Arras qu’organise son association.

Ralentissement sur les combats politiques

Mais les confinements et autres couvre-feux ont aussi retardé plusieurs combats militants. Concentrés sur les questions liées au Covid, les personnels politiques étaient moins sensibles aux revendications des assos pour l'égalité des droits. Mikaël de l’association des ActupieNEs abonde : “on a été freinés dans l’accès aux personnes politiques, au ministère de la santé, aux agences régionales”. Maintenant, enfin, que la vie “normale” reprend ses droits, les associations remettent le pied à l’étrier. Et le moment est crucial : en pleine campagne électorale, les droits LGBTQI+ ne semblent être une priorité pour aucun des candidats à l'Elysée.

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Une campagne qui inquiète les associatifs, alors tant d'avancées restent encore à obtenir. Mathieu, coprésident de l’association des Ami.e.s du Patchwork des Noms, une association de mémoire des victimes du sida cite pêle-mêle : "le problème de la circulaire Blanquer, une PMA pas aboutie, le manque d’accompagnement des personnes intersexes" et se dit insatisfait du plan contre les LGBTphobies 2020-2023 lancé par le gouvernement, pour lequel “ils n’ont pas mis les moyens suffisants”, expliquant aussi que “on aimerait bien du ‘quoi qu’il en coûte’ sur le VIH”. Un avis partagé par l'association Aides, qui a dénoncé, dans une campagne, l'absence totale d'ambition des candidats dans la lutte contre le VIH/sida.

Un quinquennat pour rien ?

Dans les travées, tout le monde insiste pour voir finaliser les réformes inabouties d’Emmanuel Macron, avec la PMA pour toutes dans le viseur. “Il a fait une PMA light qui n'inclut pas les parents trans, sans ROPA”, regrette Elsa de l’APGL. Pourtant, personne au Printemps des Assoces ne semble attendre grand chose du quinquennat à venir.

Ce sera "soit une situation qui stagne, à l’identique, avec Macron, soit une régression avec Marine Le Pen” résume Adeline des ActupieNEs, qui semble écarter toute victoire de la gauche, à la peine dans les sondages. “Macron a pris très peu d’engagements pour les LGBT dans son programme”, ajoute Romain de Fiertés Pas-de-Calais, mais il estime malgré tout que “on a toujours plus de chance de pouvoir travailler avec lui qu’avec Marine Le Pen. Ca n’empêche pas qu’il y aurait peut-être quelques avancées pour sur son second mandat”

Nouvelle génération

Dans un coin de la halle des Blancs-Manteaux, l'association Centre EGAUX a du mal a défendre son président-candidat qui n'a pas vraiment pris note des 60 propositions en faveur des personnes LGBTQI+ que l'association lui avait adressé. Son représentant, Noël , encarté à LaRem préfère voir le verre à moitié plein. Il n’y a pas eu trop d’envolées sur les questions sociétales” pendant la campagne de Macron, tente-t-il, avant d'espérer "avoir de nouveaux députés qui restent ouverts sur les questions LGBTQI+”.

Heureusement, la campagne électorale, mais surtout le Covid semblent avoir convaincu un nouveau public de s'engager. “Il y a une nouvelle génération de bénévoles arrivée depuis le Covid qui vont donner une autre dynamique à notre association” remarque Louis de SOS homophobie. Un moyen peut-être, de créer du lien après tout ce temps passé dans des cercles restreints. Un lien consolidé par ce weekend à pouvoir se voir de nouveau. "Ca donne un regain d'énergie, une envie de se battre" conclut Louis. Et tant mieux, car on va toustes en avoir besoin.