[Ma première fois 2/5] Cyril confie à têtu· le récit de sa première fois dans un sauna gay. Dans la lumière tamisée, il a pu accepter ses petits défauts et finalement, laisser tomber sa serviette…
"J'avais 32 ans, je buvais une bière avec un couple d'amis que je connais de longue date, à Paris, quand ils me parlent de leur expérience à la zone naturiste du bois de Vincennes, tout proche. Je leur confie que malgré mes complexes, ça me plairait d'y aller, mais à l'époque, on était encore un peu tôt dans la saison et, surtout, je ne me suis jamais senti à l'aise avec mon corps. En réponse, j'entends qu'il faut affronter sa peur pour mieux la dépasser et mes amis me proposent… d'aller dans un sauna gay. À quoi cela ressemble-t-il ? Est-ce que c'est propre ? Est-ce que les garçons sur place vont me plaire ? Est-ce que tu peux quand même garder ta serviette ? Dès leur proposition formulée, une avalanche de questions me submerge. Il faut croire que mes amis ont su être convaincants puisque nos bières avalées, nous voilà dans un Uber en direction du Sun City, le sauna le plus grand de la capitale et même, dit-on, d'Europe !
Depuis la rue, pousser la porte d'un sauna gay peut être un mauvais moment à passer, surtout quand cette rue est plutôt passante comme devant le Sun City. Mais cela n'a jamais été un problème pour moi, qui n'ai pas de pudeur à m'afficher en tant que gay et comme consommateur de sexe. L'appréhension première d'aller dans un lieu inconnu s'est rapidement transformée en curiosité. Et voilà que le guichetier me tend une petite pochette à accrocher à ma cheville, dans laquelle se cache un préservatif et du gel ; j'apprécie cet effort de prévention. Quand il me tend une serviette bleue, je la récupère et descends l'étroit escalier qui mène au vestiaire.
Un sauna mais plusieurs espaces
Là encore, je suis agréablement surpris : je m'attendais à retrouver le sentiment désagréable de la piscine à l'école où, dans une lumière blafarde, il fallait se mettre tout nu devant les camarades de classe qui chambrent. Il n'en est rien, la lumière tamisée et les différents espaces permettent d'avoir un peu d'intimité, d'autant qu'en ce début de soirée, il n'y a pas grand-monde. Tout de même, quand quelqu'un arrive, je baisse la tête et évite d'appuyer mon regard sur son paquet… Mes amis, qui m'avaient déjà vu nu à d'autres occasions plus intimes, me font visiter les différents lieux, la piscine du sous-sol, le jacuzzi froid, l'autre plus petit et plus chaud, la salle de sport au rez-de-chaussée, le labyrinthe de cabines fermées à l'étage... Il y a aussi un couloir plongé dans l'obscurité totale, où je ne veux pas m'aventurer. Courageux, mais pas téméraire.
Décidément, je préfère le hamam du sous-sol, où la vapeur cache les défauts de mon corps et où je me sens plus à l'aise. Un jeu entre la lumière bleue et la brume permet de découvrir les autres petit à petit. Je trouve ça particulièrement excitant de voir l'eau perler sur la peau. Je m'assied dans un coin et je peux voir les gens s'affairer : un garçon suce un autre qui caresse avec envie ses fesses… Il n'en fallait pas moins pour que je sois dur comme un piquet, c'est alors que quelqu'un que je n'avais pas vu s'approcher pose sa main sur ma cuisse. Un peu surpris, je me laisse faire, c'est agréable. Mais je l'arrête avant de jouir pour ne pas abréger mon plaisir.
Des corps pour tous les goûts
Je vais ensuite dans le jacuzzi pour méditer et regarder les gars passer. Dans les couloirs, caché derrière une serviette rikiki, tu ne peux pas les juger sur leurs vêtements et la façon dont ils s'habillent dans la vie citadine. Tout le monde est à égalité et on se rend compte que, finalement, on est tous fait pareil. Il y a ceux qui ont des kilos en trop, des très musclés, des malingres, des jeunes, des vieux, bref, contrairement à ce que j'anticipais, il y en a pour tous les goûts. Alors bien sûr, il y a ceux qui sont bien dans leur peau et qui se baladent la teub à l'air et la serviette sur l'épaule, mais tu vois bien que d'autres sont tout aussi timides que toi.
Pour nous, les gens qui doutent, l'expérience du sauna s'avère bien moins difficile que celle de Grindr. Alors que sur les applis, tu enchaînes les "salut, ça va ?" dans un silence abyssal comme Sisyphe porte son rocher, au sauna, c'est moins froid. Alors, certes, tu ne couches pas nécessairement avec le premier beau gosse que tu croises, mais contrairement au mur de l'indifférence de Grindr, un regard suffit à comprendre s'il est intéressé ou non. Et quand bien même tu sais que le critère physique prévaut, ce "non", "mouais" ou "peut-être" du regard fait toute la différence. D'ailleurs, en sortant du sauna, je me dis que j'y retournerai volontiers. Bien sûr, je n'ai pas réglé tous mes problèmes avec mon corps, mais c'est en meilleure voie !"
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