Après l'agression d'un couple gay l'été dernier à Rogliano, en Haute-Corse, un mineur a été condamné à huit mois de prison avec sursis et un autre à une amende pour injure. L'enquête est toujours en cours pour retrouver les majeurs qui auraient participé aux violences.
"Concernant les prévenus mineurs, la justice a été rendue", souffle Mickaël, joint par têtu· ce jeudi 21 avril. La veille, le tribunal pour enfants de Bastia a condamné deux mineurs âgés de 15 et 16 ans après l'agression homophobe qu'il a subie avec son petit ami à Rogliano, en Haute-Corse, la nuit du 14 au 15 juillet dernier, rapporte l'AFP citée par Le Parisien. L'un des deux prévenus a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 2.000 euros d'amende pour "violences aggravées et injures publiques à caractère homophobe". Le second a écopé de 2.000 euros d'amende pour "injures publiques à caractère homophobe". Deux condamnations "plutôt sévères", selon Me Etienne Deshoulière, avocat de Mousse et de Stop homophobie, deux associations qui s'étaient portées parties civiles. Une enquête est toujours en cours pour retrouver les majeurs qui auraient participé aux violences.
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Mickaël et Benoît ont été agressés alors qu'ils dansaient ensemble le soir de la Fête nationale. Selon leur témoignage que nous avions reproduit le lendemain, ils ont d'abord été pris à partie par un groupe d'adolescents qui les ont insultés. Puis, tandis que le couple s'éloignait, il est de nouveau tombé sur les jeunes. Le ton est alors monté et des insultes homophobes ont été prononcées. Finalement, une vingtaine d'hommes leur ont asséné des coups de poing et de pied devant une foule passive de plusieurs dizaines de personnes. Les deux hommes, venus passer leurs vacances en Corse, ont reçu huit jours d'interruption totale de travail. Leur visage tuméfié avait provoqué une onde de choc.
"On ne va pas lâcher"
À l'énoncé du verdict, l'avocat du premier prévenu, Me Benjamin Genuini, a regretté auprès de l'AFP la médiatisation de l'affaire, dénonçant "un procès médiatique avant la vraie audience". L'avocate du second, Me Anna-Livia Guerrini, a assuré que les deux mineurs – dont nous n'avons jamais donné les noms ni même les prénoms – ont été "condamnés médiatiquement".
"Si une audience de justice n'est pas un moment très plaisant, le plus désagréable, c'est qu'alors que de nombreuses personnes étaient présentes, personne n'a voulu témoigner : personne n'a rien vu, ni entendu", regrette Mickaël qui indique que lors de l'audience, qui s'est tenue à huis clos, le procureur et la présidente ont mis en valeur le flou des déclarations des jeunes. Leurs informations auraient pourtant pu être précieuses pour déterminer les responsabilités des autres personnes présentes, en particuliers majeures ; une enquête est toujours en cours sur ce volet.
"Le dossier n'est pas refermé mais honnêtement, on a peur que ça n'aboutisse pas. Mais on ne va pas lâcher", confie Benoît à têtu·. Depuis leur agression, les deux hommes se reconstruisent. Ils viennent d'ailleurs tout juste de se marier, "un choix qu'on a fait ensemble après le passage à tabac", témoigne Mickaël. "Depuis, on éprouve d'autant plus fort ce qu'est un safe space. Il y a des moments où l'ont fait plus attention à notre comportement. Notre conscience politique en sort renforcée"…
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