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interviewCaroline Mecary candidate aux législatives : "Les députés Playmobil sont nuisibles"

Par Nicolas Scheffer le 28/04/2022
Caroline Mecary est candidate aux élections législatives à Paris

Investie par l'Union populaire de Jean-Luc Mélenchon candidate aux élections législatives à Paris, Caroline Mecary, avocate et militante LGBT de longue date, explique à têtu· son rejet du projet macroniste.

L'avocate Caroline Mecary est candidate aux élections législatives pour l'Union populaire de Jean-Luc Mélenchon. Ce mercredi 27 avril, elle a lancé sa campagne dans la 7e circonscription de Paris, regroupant une partie des 11e, 4e et 12e arrondissements. Militante des droits LGBTQI+, elle a notamment défendu Noël Mamère après son premier mariage – symbolique – d'un couple homo à Bègles en 2004. Elle a également obtenu plusieurs jurisprudences pour la reconnaissance de l'homoparentalité, notamment de parents ayant conçu leur enfant via une GPA.

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La circonscription de Caroline Mecary sera donc probablement celle de la visibilité des sujets LGBTQI+. Pacôme Rupin, son actuel député de La République en marche, est démissionnaire et le flambeau LREM pourrait être repris par Clément Beaune, l'actuel secrétaire d'État aux Affaires européennes, ouvertement gay. Côté Les Républicains, le conseiller de Paris Aurélien Véron a fait savoir qu'il est également candidat. Porte-parole de Rachida Dati, il presse la maire de Paris sur le dossier des Archives LGBTQI+. Sauf accord de coalition à gauche, les socialistes présenteraient quant à eux Emma Rafowicz et Ariel Weil, tous deux élus de Paris centre. Rencontre avec la candidate mélenchoniste, première lancée dans la course pour la "circo 7507".

Pourquoi êtes-vous candidate aux élections législatives pour l'Union populaire ?

Caroline Mecary : Je pense que la proposition politique de l'Union populaire portée par Jean-Luc Mélenchon est exactement ce qu'il faut faire pour sortir du néolibéralisme dans lequel la France est engluée depuis 1983. Il s'agit aussi de rompre avec l'autoritarisme insupportable du président Macron.

"Emmanuel Macron n'est pas du centre, comme il le prétend, mais d'une droite illibérale."

Vous qualifiez Emmanuel Macron de "président de droite illibérale". Carrément ?

Tous les choix politiques qu'Emmanuel Macron a faits sur le plan économique sont néolibéraux, à savoir la continuation d'une politique de l'offre pour les entreprises et zéro prise en compte des salariés par l'augmentation des salaires. Il a toujours privilégié ceux qui possèdent le plus, avec la suppression de l'ISF, la mise en place de la flat tax (un prélèvement global de 30% des revenus du capital, ndlr), la continuation du CICE (Crédit d'impôts pour la compétitivité et l'emploi, ndlr) qui n'a pas créé un emploi…

Sur le plan des libertés et du contrôle de la société, Emmanuel Macron a poursuivi et amplifié ce qui existait déjà sous François Hollande. L'état d'urgence terroriste a été intégré dans le droit commun, tout comme l'état d'urgence sanitaire. On a vu la multiplication des lois sécuritaires, la répression de manifestants, l'usage irraisonné de la violence policière. C'est un autoritarisme totalement installé. Si Emmanuel Macron n'a pas totalement détruit l'institution judiciaire, il le fait de manière implicite en ne lui donnant pas les moyens humains dont elle a besoin. Tous ces éléments me font dire qu'Emmanuel Macron n'est pas du centre, comme il le prétend, mais d'une droite illibérale.

Vous qui êtes avocate, que faut-il faire selon vous pour la justice ?

Au sein de l'institution judiciaire, on a besoin immédiatement de 2.000 magistrats et de 2.000 greffiers. Sur les cinq ans à venir, on a besoin de 13.000 magistrats et quasiment le même nombre de greffiers. Dans le gouvernement actuel, la justice est au dixième rang de l'ordre protocolaire alors que c'est un ministère régalien. Les bruits qui courent, selon lesquels Jean Castex ou Florence Parly pourraient devenir ministre de la Justice dans le nouveau gouvernement, montrent là encore le peu de considération que le président Macron porte à l'institution judiciaire.

Jean-Luc Mélenchon à Matignon, c'est Caroline Mecary place Vendôme ?

Ce n'est pas d'actualité. Je ne suis pas comme Clément Beaune, mon adversaire pressenti dans la 7e circonscription de Paris, qui fait la course à la députation alors qu'il n'en a que faire. J'ai toujours eu envie de faire la loi. Par mon métier, j'ai aidé à ce qu'elle soit transformée. Mon objectif, c'est d'être députée, pas ministre de la Justice. Comme beaucoup de femmes, je ne me sens pas de légitimité pour être ministre de la Justice. Si vous voulez tenir un ministère, il faut connaître l'appareil d'État, or je ne le connais pas. S'il m'était proposé, je l'accepterais toutefois avec un grand honneur et je saurais m'entourer de personnes compétentes pour rendre à ce ministère son lustre.

Vraisemblablement, Clément Beaune sera investi face à vous pour La République en Marche. Cette circonscription sera donc celle de la visibilité LGBTQI+ !

Nous serons évidemment exposés. Je n'ai jamais caché ma vie commune avec une femme, sans en faire un argument de campagne. Tout le monde sait que depuis plus de vingt ans, je suis l'avocate des lesbiennes, des gays, des bis et des trans. C'est un sujet que je connais sur le bout des doigts, mais dans une circonscription, vous avez également d'autres domaines à traiter : logement, culture, école, santé...

Clément Beaune est parfaitement représentatif de la macronie. Mais le projet politique qu'il porte ne correspond pas à la demande des citoyens. Quand on sait que 66% des Français voudraient une cohabitation ou que 40% des gens qui ont voté Macron l'ont fait non pas par adhésion au projet d'En Marche, mais parce qu'il fallait faire barrage à Marine Le Pen… Il nous faut le moins de députés Playmobil à l'Assemblée nationale, ces gens-là sont nuisibles.

Avez-vous voté le 24 avril au second tour de l'élection présidentielle ?

Oui. Le vote est secret, mais je peux vous assurer que je n'ai pas voté pour Marine Le Pen.

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Crédit photo : DR