Malgré sa dissolution l'an dernier, l'association LGBTQI+ de l'Université du Bosphore, à Istanbul, a décidé de maintenir sa Marche des Fiertés annuelle. Plusieurs dizaines d'étudiants ont été arrêtés.
En Turquie, les Prides se suivent et se répriment de la même manière, année après année. Ce vendredi 20 mai, à l'initiative des étudiants d'une association LGBTQI+ de l'Université du Bosphore, à Istanbul, une Marche des Fiertés s'est à nouveau terminée dans les paniers à salade de la police. Le cortège, qui a démarré en fin d'après-midi sur le campus, a ainsi brutalement été interrompu par les agents de sécurité de l'établissement qui, rejoints par les policiers de la section anti-émeute, ont brutalement arrêté des jeunes qui se trouvaient sur place, 70 selon l'organisation ÜniKuir qui lutte pour la défense des droits LGBTQI+ dans les universités turques.
En accord avec l'homophobie d'État pratiquée par le président Erdogan, l'association organisatrice de la Pride avait officiellement été dissoute l'année dernière par la direction de l'université. Pas de quoi décourager les militant·es : "Ce campus est à nous, et nous n’avons pas l’intention d’arrêter ! Nous marcherons à nouveau, malgré ceux qui ont fermé notre club [et] ceux qui entravent les activités LGBTIA+", peut-on ainsi lire dans un tweet de résistance posté par l'association dont c'était la neuvième Pride.
La répression anti-LGBT d'Erdogan
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit les forces de l'ordre encercler le cortège, composé de plusieurs dizaines d'étudiants qui brandissent des drapeaux arc-en-ciel, et certains d'entre eux se faire menotter puis emmener de force. Ils ont finalement tous été relâchés après un passage au poste, toujours selon l'association organisatrice.
Ces images ont fait réagir les associations de défense des droits humains : la branche d'Amnesty International en Turquie a dénoncé "un recours illégal à la force par la police". "Nous condamnons la répression violente de la marche des fiertés de l'Université du Bosphore ce jour, qui viole le droit des étudiants LGBTI à la liberté de réunion et d'expression", a abondé ILGA Europe.
En 2021, 18 étudiants et leur professeur d'université avaient fini par être acquittés en justice alors qu'ils risquaient jusqu'à trois ans de prison pour avoir participé à une Pride en 2018 sur le campus d'Ankara. La répression qui touche la communauté LGBTQI+ turque s'est intensifiée depuis l'annulation de la Pride d'Istanbul en 2015 après la tournure anti-Erdogan qu'avait prise la marche de l'année précédente. Le président a en effet profité de la tentative de coup d'État manquée en 2016 pour placer le pays sous état d'urgence et interdire les événements LGBTQI+ au prétexte d'assurer "la paix et la sécurité".
Crédit photo : ÜniKuir via Instagram